[RP: Premier Tour] Duel Rems vs Rheanne

[Quelques minutes plus tôt, dans la Forteresse, où il fait un poil plus chaud]

Regardant par une archère de l'imprenable enceinte Licorneuse, Rems constatait chaque matin l'épaississement de la couche de neige qui feutrait le sol et l'air Normand. Allait-on attendre de ne plus avoir pied pour commencer le tournoi ? Inutile de dire que les conditions risquaient de réduire son expérience du combat à peau de balle : il avait surtout guerroyé par beau temps, même en Bretagne, c'est dire la chance qu'il avait eu.

Après plusieurs jours de ce régime observatoire, alors qu'il cherchait vainement à se fabriquer une paire de ces spatules sur lesquels les Vikings aiment à se déplacer dans leurs paysages glacés - à ce qu'on lui avait dit, Alfie l'entreprit, enfin, l'informa avec son étourdissante spontanéité :

Les combats sont affichés ! Vous allez vous mesurer à Soeur Rhéanne dans les champs !

Merci ma Douce Louve, répondit le futur congelé. Après un silence purement contemplatif, il s'enquit de l'adversaire de la prunelle de ses yeux.

Je suis opposée à Bess dans les carrières, que Thor se broie les pharettes, voila une rude affaire...

Elle était plus que magnifique dans sa tenue de combat. A coté d'Elle, Diane la chasseresse aurait eu l'air d'une mendiante à qui on a donné un arc. Rems tenta de rester concentré en poursuivant la conversation.

Ma Louve, je ne permettrais pas de vous donner un conseil, mais méfiez-vous de l'instabilité du sol. La poussière de l'endroit et les pierres éparses ont tôt fait de vous faire choir.
Renvoyant mentalement Saint Petisquarabais à ses chères études, il conclut : bah, la subtilité de vos mouvements vous garderont toujours en équilibre, je ne me fais aucun souci pour vous. Il mentait à peine.

Après l'avoir encouragé, Alfie disparut comme elle était venue : telle l'éclair, mais en plus foudroyant. Il était temps pour lui de se préparer. Préservant sa capacité à se mouvoir, il avait opté pour un gambison, à la fois protecteur et point trop pesant. La cervelière qui le coiffa lui fit une tête de nashes, mais il n'avait point de miroir pour s'en apercevoir. Il ne manquait plus que sa cape d'ecuyer pour braver le vent, et un instant plus tard, il pataugeait gaiement dans la neige, droit vers le drapeau de la Licorne qui flottait au beau milieu d'un désert blanc, désert habité par l'arbitre et ses assesseurs.

Bonjorn Frères ! lança-t-il avec jovialité et aussi une pointe de gravité, histoire de montrer qu'on n'était pas là que pour rigoler.

L'air avait fini de résonner du bref heurt des lames. Après avoir concédé la première touche, Rheanne avait adopté une position défensive. Pour Rems, il était donc temps de doubler la mise. D'essayer, pour le moins. Le premier engagement avait eu lieu sans la moindre observation préalable. Ce qui était loin de déplaire au Nîmois, combattant plus instinctif que théoricien. D'un signe de tête à sa soeur, il s'informa de son apprêtement pour le second assaut.

Rassuré sur ce point, il echaffauda donc un plan des plus simples : la feinte du bling-bling, du nom de... Tiens, il ne se souvenait plus d'où venait le nom de cette passe. Bref, il suffisait de guetter un rayon de soleil entre les nuages, puis dévier ce rayon vers les yeux d'un des deux crétins qui n'avaient d'yeux que pour Rheanne, qu'ébloui, le crétin en question pousse un juron propre à détourner l'attention de la duelliste, et en profiter pour lui estoquer le bout du pied. C'était une feinte courante en Languedoc, sans doute grâce à l'omniprésence de l'astre diurne en cette contrée. Or, Ryes était fort loin de Nîmes et le soleil avait visiblement - ou non, en l'occurence - décidé de ne pas se rendre complice d'un coup qui pouvait paraître limite à Saint Aillatoladufaireplait.

Peu avare de solutions de rechange, Rems opta pour le coup de la balayette Bitteroise. Lors de la bataille de Fougères - enfin, une des batailles de Fougères, les Bretons ayant un goût prononcé pour la guerre, il n'était pas facile de s'y retrouver, mais ça devait être celle de 55 - il avait vu un de ses compains trancher deux jambes ennemies d'un seul de ce coup. Et deux jambes sur deux ennemis différents. Cet exploit avait coûté moultes chopines à son auteur après la bataille.

Hum, pensa-t-il en croisant le regard à la fois concentré et inquisiteur de Rheanne, peut-être devrais-je faire plus simple. Il se figura l'attaque en une seconde : jeter la pointe de son épée droit vers le visage de sa soeur, en prenant garde à la laisser proche de l'arme adverse, juste au cas où, puis flechir les jambes au dernier moment pour abaisser son arme vers la cible réelle de l'attaque : le pied. Amateur d'épée courtes, il lui avait toujours été plus facile de toucher les membres. Il réservait les attaques au corps pour les adversaires qui se découvraient trop.

Une prière à Saint Yapuqua, il se fendit et allongea le bras droit vers le casque de Rheanne. Il n'y avait plus qu'à attendre la fraction de seconde où elle allait tenter une parade, pour fléchir afin de toucher sa chausse enneigée...

Rheanne avait eut tôt fait d'éventer la feinte pachydermique de Rems. Sa lame avait complètement echappé à son contrôle alors qu'il pensait maîtriser la passe d'armes. Par Saint Plouphe, sa touche était tombée à l'eau et non sur la chausse adverse.

Foutredieu, les choses ne se passaient pas toujours comme on les prévoyait. La vie prenait parfois un tour surprenant. Certains pensent que les évènements sont écrits à l'avance, inombrables vers d'une comédie universelle. En l'occurence, le scribe qui avait écrit cette scène semblait avoir un goût prononcé pour le suspens et aucun pour les dialogues. Ceci dit, les épées faisaient déja assez de bruit sans en rajouter. Sans compter les assesseurs du Frère Shiska qui rivalisaient d'infâmes borborygmes dont le Père Jub n'aurait pas renié l'hygiènique parenté.

Mais Rems n'eut pas le temps de penser tout cela ; après avoir sauvé le pied de sa soeur en faisant vaciller le Nîmois, l'épée de Rhéanne menaçait de s'abattre directement sur sa hanche. Joli contre, il fallait l'admettre. Quoiqu'un peu lent. Il était donc temps de fléchir les genoux comme prévu initialement lors de l'attaque précédente. Dont acte. La lame ne fit que lui effleurer les cheveux alors que ses genoux craquaient, signe d'un manque criant d'echauffement.

Comme tout cela s'était passé relativement vite, son fléchissement ne fit qu'amplifier le déséquilibre créé par la parade précédente de sa soeur. Il roula donc sur le sol, son visage finissant dans la boue, telle la tartine moyenne qui ne tombe jamais du bon coté, contrairement aux chats. Quoique, ça dépend de la hauteur.

A toute chose malheur est bon, parait-il... : pouah ! cria Rems, histoire de détourner l'attention de sa lame et aussi pour cracher un peu de cette boue immangeable. Dans le même temps, il envoya d'un taillant sa lame vers le pied de son adversaire... Ah, il allait bien finir par le toucher ce pied !