[RP]Réunion Extraordinaire de l'Ordre de la Licorne

Ainsi le jour que le vieux Capitaine redoutait tant était arrivé. Il les avait vus partir, les uns après les autres. Il s'était accroché à son devoir, à ses souvenirs, espérant qu'un jour tout ce qu'il avait vécu et appris serait transmis. Trop attentistes ils avaient été. L'on dit de la patience qu'elle est une vertu, ils venaient de prouver qu'elle pouvait aussi avoir ses excès, leur conduite toute ces années en témoignait. A les juger trop jeunes, trop fougueux, pas assez comme eux, ils en avaient oublié ce qu'ils étaient auparavant, ils en avaient oublié le changement du Royaume autour d'eux et le changement dont avait besoin leur Ordre pour perdurer. Il était le dernier désormais à pouvoir réparer ces erreurs, et les reconnaitre dans le même temps. Lui qui s'était battu tant de fois, si longtemps, pour que la Licorne reste fidèle à ses valeurs ancestrales et fondatrices, lui, serait l'homme qui initierait la transformation. Cruelle et constante ironie que celle du devoir qui passe avant le désir.

Un peu nerveux il triturait son anneau, assis à son bureau, revoyant quelques papiers sans intérêt sur les cérémonies et les bordels officiels à régler lors de ce genre de changements. Il avait donné quelques ordres à des gens de la Forteresse afin qu'on prépare correctement la grande Salle du Chapitre dans le Donjon. Il attendait maintenant qu'on vienne l'informer que tout était prêt.

Fort heureusement pour lui, et pour le bois du meuble qui lui servait de table de travail, la nouvelle ne tarda pas trop à arriver. Il congédia en grognant les serviteurs. Non pas qu'il éprouvait un quelconque mépris pour ces gens, mais ces moments un peu pompeux le rendaient irritable. Il n'avait jamais aimé le superflu. Pourtant il le savait, c'était aussi ce qui faisait leur gloire. Des cérémoniels imposants et dignes contribuaient largement à la réputation d'un Ordre comme le leur, lorsque les nouveaux écuyers racontaient à leur famille, les yeux brillants, la première fois qu'ils étaient entrés au coeur du légendaire Ordre de la Licorne. Et de la renommée il leur en fallait pour attirer les meilleurs et renouveler leurs rangs.

Pour l'occasion, il avait fait installer un grand miroir dans son bureau. Une dernière fois avant de sortir il contempla sa tenue. Armure cérémonielle prolongée aux bras de ses lourds gantelets polis. L'épée au pommeau décoré de la Licorne à sa ceinture, la miséricorde de l'autre côté, le mantel noir signe distinctif du Chef des Imperceptibles masquant le dos de sa cuirasse. Bottes cirées, cheveux lissés et noués en arrière, barbe taillée, il ressemblait désormais à tous ces vieux Chevaliers usés par le temps et les combats qui tentent dans un dernier élan de paraitre aussi forts qu'à leurs débuts, la prestance en plus.

La gorge nouée mais le visage impassible il franchit la porte qui menait au couloir. Ses gardes du corps l'attendaient, il ne s'en séparait presque plus. Silencieux, discrets dans leurs habits noirs ils le suivaient comme des ombres et frappaient efficacement si le besoin s'en faisait sentir. Gauvin devait être jaloux, mais le Vicomte préférait aux rustres comtois la finesse et la sobriété de ces hommes venus de loin. Qui plus est leur méconnaissance de la langue était bien utile pour les imposer partout. Ils pouvaient tout entendre, ne saisissant presque rien.

Ils marchèrent jusqu'au Donjon, le cliquetis de l'armure et le claquement des bottes sur les dalles contrastant avec le faible froissement de tissu des cinq berbères. Quelques sentinelles levèrent la tête, intriguées de ce cortège et de la mine grave qu'affichait leur Capitaine. S'ils n'étaient pas au courant, ils devaient se douter que quelque chose d'important se préparait dans l'antique forteresse. L'histoire était en marche, sous la forme d'un vieux Chevalier aux cheveux blancs comme la neige.

Le petit groupe arriva devant les grandes portes de la salle. Sans mot dire, les gardes de faction poussèrent les lourds battants qui grondèrent, laissant place aux arrivants qui entrèrent d'un pas sur. Les bancs avaient été installés face à l'estrade réservée au Haut Conseil. Suffisamment de sièges pour accueillir tout l'Ordre. Des torches pendues un peu partout au mur éclairaient l'endroit d'une lueur inégale, laissant quelques recoins sombres, diffusant une atmosphère austère propre au sérieux et à la concentration. Les oriflammes de l'Ordre et des Légendaires Chevaliers qui avaient défilé sous sa bannière recouvraient la pierre. Près l'estrade l'autel de pierre était vide de tout objet, amenant à la conclusion qu'il ne s'agirait pas d'une cérémonie d'intronisation, pas encore.

Rhuyzar marcha jusqu'à l'un des sièges sur l'estrade et s'assit, profitant une dernière fois de la tranquillité du lieu pour se recueillir et réfléchir, en attendant ceux qui devaient venir...

Lecture et relecture du message affiché en la salle du chapitre... Il ne comprenait pas... Disparition inexpliquée du Grand Maistre Guillaume de Jeneffe... inexpliquée... Comment pouvait-il avoir disparu ainsi sans explication... Et surtout connaissant les relations que possèdent certains chevalier...Comment personne en savait exactement ce qu'il était advenu de lui.... Voilà donc l'ordre sans Grand Maistre... Un Haut Conseil fantomatique où seul une personne siège encore avec la possession de tous ses moyens...

Retour dans le dortoir des écuyers, le temps pour lui d'enfiler les habits « cérémoniels » de la Licorne... Mantel gris... Épée à une main et demi pendant sur le coté dans son fourreau... Bien que ce ne soit qu'une simple réunion... Le fait qu'elle soit présidée par le Capitaine ne devait pas pour autant lui laisser croire qu'il devait venir en « touriste »... Licorne il est... Licorne il sera jusqu'au bout du mantel...

Départ donc vers la salle du chapitre... Portes grandes ouvertes... Aucun bruit de discutions n'en sort... Juste le silence pesant qui lui rappel tant de souvenirs... Le silence qui pesait sur l'enterrement de son père... Guilhem passe la tête par l'encadrement de la porte... Regard à gauche... A droite... Il n'y voit personne, hormis l'instigateur de cette réunion... Sans un bruit il pénètre dans la salle, s'assoit sur l'un des derniers banc, puisqu'étant écuyer, il se devait de laisser la place des rangs plus avant, aux plus haut grades... Assis donc sur son banc, il lève les yeux, aucune salutation pour le Capitaine qui ne semble même pas le regarder, visiblement totalement perdu dans ses pensées... Regard sur la décoration sommaire de la salle... Murs recouvert de différents oriflammes qu'il ne connaissait pas tous, mais dont un attirait implacablement son regard... Un aux trois quintefeuilles d'or... Le sien désormais... A la vue donc de cet oriflamme, il se plonge dans ses pensées, négligeant totalement les futures venues des autres membres de l'ordre...

Invité

L'annonce du capitaine l'avait surpris. Ainsi l'on pouvait rester sans nouvelles d'un grand maître d'une des ordres royaux les plus prestigieux de France, et aller jusqu'à annoncer sa disparition... Malgré toutes les interrogations que ce fait pouvait susciter, il y avait là une certitude, ou du moins l'apparence d'une certitude : le haut conseil faisait confiance à l'ensemble des membres de l'ordre au point de leur annoncer la nouvelle sans détours, et en ne les laissant pas ainsi dans l'ignorance. Peut-être des mesures allaient-elles être prises afin de rechercher activement de Jeneffe, mais cela n'était a priori pas le plus important dans l'annonce publiée : le capitaine parlait en effet de réformes de l'ordre, lesquelles devaient sans nul doute être primordiales pour donner lieu à une réunion extraordinaire. Pour l'heure, l'écuyer n'en savait pas plus, et il eut beau y réfléchir tandis qu'il s'apprêtait puis qu'il se dirigea vers la salle du chapitre, il ne trouva aucune réponse aux interrogations suscitées par la convocation du maître de guerre. C'est donc en quête d'explications, et impatient de savoir quelle réforme pouvait entraîner un rassemblement si imminent, qu'il entra dans l'imposante salle du chapitre, et qu'il s'assit, sans un mot, sur l'un des bancs les plus reculés.

Quoi ?
C’est le seul mot qui sortit de la bouche d’Ethan à la lecture des quelques lignes de l’annonce officielle émise par le Capitaine Rhuyzar … Le Grand Maître avait disparu !
La dernière fois qu’il l’avait croisé, il sortait de la salle d’intronisation dans les bras d’Alcalnn, suite à son évanouissement.
Depuis, on avait pu apprendre qu’il s’était rétabli, mais jamais il n’aurait pu imaginer qu’il se soit ainsi volatilisé …
Qui plus est, les recherches ne semblaient même pas avoir été entamées. Elles seraient menées dans l'espoir de retrouver sa trace, disait l’annonce. Faudrait peut-être voire à se bouger le fondement si on ne voulait pas perdre de temps. La situation aurait pu paraître risible si elle n’en avait pas été si effroyable.

Qui plus est, une réunion extraordinaire était déclenchée afin d’édicter de nouvelles réformes permettant la continuité de l’Ordre. Ça voulait dire quoi ça ? Décidément, les surprises ne manquaient pas en ces moments bien difficiles. Pas le temps de continuer à s’interroger, Ethan fila se changer. Il revêtit une chemise blanche et se couvrit de sa cape azurée. Son épée frappée de l’emblème de la Licorne sagement positionnée, il s’enquit de rejoindre au plus vite la salle du Chapitre. Le Capitaine possédait une réputation qui le précédait, et bien que ne l’ayant aperçu qu’une fois lors de sa propre intronisation, Ethan n’avait aucune envie de faire les frais de sa colère légendaire …

C’est presque en courant qu’il arriva devant les portes de la grand salle. Il s’arrêta un instant, le temps de se calmer, et franchit le seuil.
La décoration du lieu n’était pas celle qu’il avait eu l’habitude de contempler. La salle était bien moins accueillante, comme si ce qu’on avait à leur annoncer n’était pas des plus réjouissants. En fait, que pouvait-il y avoir de pire que la disparition du Grand Maître ?
Le Capitaine était déjà présent, mais semblait fort préoccupé, certainement concentré sur les annonces qu’il allait devoir leur faire. Sans un bruit, Ethan se dirigea religieusement vers ses deux frères qu’il salua silencieusement d’un signe de la tête avant de s’asseoir à leurs côtés. Nul besoin de se faire remarquer, il préférait laisser cela aux autres …

Invité

Le Chat se doutait bien que quelquechose n'allait pas comme cela devait. Et il savait bien qu'elle était ce quelquechose. Zalina l'avait prévenue que sur le Chemin du retour, Guillaume était tombé dans une embuscade. Il savait aussi que les recherches vigoureuses qui avaient été menées n'avaient encore rien données.

C'était une situation de crise, et comme d'habitude dans un mauvais moment. Mais il y avait eu pire que cela et ce n'était pas du genre des Licornes de se laisser abattre. Cependant Alcalnn se demandait ce qui allait bien suivre. Allait on nommer un nouveau Grand Maistre? Considérant qu'on n'avait eu ni demande de rançon, ni revendication de l'acte, il y avait de forte chance pour que Guillaume gise mort quelque part, ses assaillants ne se doutant pas un seul instant de sa valeur.

A moins qu'on parle de tout autre chose? Mais qu'est ce qui était plus important que la perte de Guillaume? La mort du Roi? Pour Alcalnn c'était vite vu. Guillaume était l'un de ses plus vieux amis, ils avaient combattu coude a coude a Avranches, s'était affronté au premier Pas d'Armes, avait tout deux chercher en vain Enox...

Morose, le Chat l'était. Pas d'abattement, je vous l'ai dit, chez lui. Jamais. Aléas de la vie que de perdre un ami. Il ne fallait pas pour autant arrêter de vivre et Guillaume ne l'aurait pas permis. Et puis le connaissant il était peut être encore vivant... mais trop d'espoir... nenni.

Ainsi, vêtu simplement, dans son traditionnel doublet marine et gueule, l'Errant alla se poser là où il le devait, attendant que tous soit là, et que ses nouvelles consoeurs Errantes viennent se joindre à lui.

Il lui avait fallu lire plusieurs fois l'annonce avant qu'elle n'arrive à l'assimiler...disparition du Grand Maistre.... Elle était restée plantée devant l'affiche un moment, cherchant peut être entre les lignes réponse à ses questions, tentant de voir des réponses invisibles.

Bien sûr aucune réponse ne vint, elle aurait beau fixer les mots aussi lontemps qu'elle le voudrait, c'est pas en restant plantée là qu'elle avancerait. Elle fit demi tour pour se diriger vers la salle de réunion, nul besoin d'être devin pour savoir qu'aprés une telle nouvelle l'ambiance serait lourde, chacun perdu dans ses pensées, et ceux comme elle qui ne savaient rien, le regard plein de question.

Discretion, silence, quelques frères déjà présent, oui...lourde ambiance, chacun restant dans l'attente, elle se dirigea prés d'Ethan, s'assit sans rien dire...que dire de toute manière ?

Le Grand Maître avait disparu.

C'était avec une déconcertante simplicité, de la désinvolture presque aurait-on pu penser, que ce fait était ainsi révélé aux Frères de l'Ordre, par écrit, en quelques mots concis. Ironie suprême, semblait-il, cette fatalité se trouvait être officialisée par l'apposition du sceau officiel, ciselé de l'animal mythique... Celui-là même qu'il revenait normalement au Grand Maître d'employer. Mais l'écriture était celle du Capitaine Rhuyzar, indéniablement. L’Errant ne la reconnaissait que trop bien ; trop en tout cas pour pouvoir croire au mensonge de ses yeux, comme il l’aurait pourtant désiré, tout au long de l’interminable minute qui s’égrenait, si lentement, pendant qu’il s’efforçait d’assimiler le poids de ces mots, et leurs conséquences. Puis, enfin, il parcourut, plus rapidement, la seconde partie du message, qui annonçait des réformes d’importance, mais ce qui l’aurait rendu curieux la veille encore semblait maintenant presque dérisoire, rejeté au second plan. La mention cependant du caractère vital de celle-ci rappelait que, bien que presque décapitée pour l’heure, le mythique animal, qu’ils incarnaient tous, chacun à sa façon, vivait encore, et survivrait. Il fallait donc se presser, l’heure était visiblement importante à plus d’un titre…

Il avait alors regagné son alcôve au plus vite, courant presque dans les étroits couloirs de pierre, pour rapidement revêtir une tenue plus adaptée au cérémonial qui serait de rigueur malgré les circonstances. La tenue qui lui serait apparue la plus adaptée, à un moment où on allait parler de la défense de l’Ordre, aurait été l’armure qu’on lui avait remise quand il fut élevé au rang de Chevalier Errant, mais, sans personne pour l’aider à la revêtir et ne souhaitant pas perdre de temps à aller chercher un homme d’armes pour ce faire, il préféra à l’apparat la rapidité, et se contenta d’une tunique sobre mais de belle coupe, noir comme il l’affectionnait ces derniers temps, qu’il couvrit de la cape d’azur profond aux couleurs de la Licorne, ne manquant pas de ceindre à son côté en lieu et place de l’arme d’exercice qui y reposait pour l’heure celle qu’il avait reçue à son entrée dans l’Ordre, en une forêt proche de Paris, et dont la garde arborait fièrement leur emblème commun.

La salle déjà s’était quelque peu remplie quand il y parvint, notant en premier lieu la présence unique sur l’Estrade du Maître de Guerre Rhuyzar, perdu dans ses pensées, comme d’ailleurs la plupart des présents, lui sembla-t-il alors qu’il traversait rapidement la pièce pour aller s’installer sur l’un des bancs réservés aux Errants, situés juste devant ceux des écuyers, comme le voulait la coutume. Pas une voix, pas un bruit presque ne troublait l'atmosphère pesante de la pièce, le son de ses talons bottés touchant le sol seul se faisait entendre, avant qu'il ne s'assoie, et se joigne à son tour à l'attente, silencieux comme ses pairs lui aussi, son regard parcourant les armoiries accrochées au murs, dans lesquels l'ancien héraut poitevin lisait avec aisance les noms. Pour certains, les plus anciens, il ne les avait même pas connus, mais en revanche, lorsqu'il aperçut les armoiries du second Capitaine, décédé récemment, il ne put empêcher un petit pincement de le saisir, repensant aux nombreuses pertes qu'ils avaient subies en petite Bretagne... Sans doute pas les dernières. Mais rien n'était sûr... Disparu ne voulait pas dire mort, même si bien souvent la différence était des plus ténues... C'était cependant le dernier espoir auquel se raccrocher. Il fallait qu'en ce cas, la différence soit réelle... Un bien maigre espoir en vérité, mais, comme il se l'était déjà dit, le dernier.

Dernière édition par Akane le Jeu 13 Nov 2008 - 8:56, édité 1 fois

Errante qui trainait dans les couloirs de la forteresse, la plupart du temps, et qui passait le reste de celui ci dans la chambre de son chevalier de mari absent… Son havre de paix, sa seconde demeure… La brune au ventre rebondi n’était plus que l’ombre d’elle-même, seule sa motivation pour l’ordre qu’elle servait demeurait intacte.

Rares furent les personnes qui la croisèrent, mais ceux qui eurent un temps soit peu l’occasion de la voir s’en souvenaient encore… Austère, intransigeante envers ses pairs, froide… Ainsi était devenue la normande autrefois souriante…

Ce matin là, elle se rendit comme à l’accoutumée en salle du chapitre…Et laissa échapper une exclamation vu l’agitation ambiante

- Mais qu’es ce que c’est ce bordel ? Sont devenus fous ou ? Je te leur donnerai de ces leçons moi…

Comme à l’accoutumée, elle pensa qu’il n’y aurait rien de nouveau… Ces temps ci furent particulièrement calme, mis à part quelques incidents et autres faits divers.

Cependant, ce matin là quelque chose l’interpella… Une annonce... Du Capitaine Rhuyzar...Elle manqua de s’étouffer en la lisant, et relue celle-ci une seconde fois avec plus d’attention, croyant que son imagination lui jouait des tours. Malheureusement, cela était bien réel : Le Grand Maistre avait disparu, et il était demandé à chacun de participer à une réunion extraordinaire. Elle ne perdit donc pas une seconde, et s’y rendit. Salut du chef au Capitaine déjà présent... Elle prit place en silence au côté de son frère Errant, visiblement aussi interloqué et contrarié par la nouvelle qu'elle, et le salua à son tour d'un signe de la tête.

Que s’était il passé ? Elle ne comprenait pas et s’inquiétait pour leur mentor...
Qu’es ce que le Capitaine attendait d’eux maintenant ? Ils le sauraient bien assez vite maintenant…

Une nuit, puis une journée, puis encore une nuit… Zalina n’avait pas lâché les gardes de Marchiennes d’une semelle, tenant encore sur sa monture que grâce à sa détermination à retrouver son Maistre. Chaque accélération des chiens lui redonnait un peu d’espoir, mais leur course n’avait donné que quelques lapins pour le souper, ou un petit renard. Pas de Vicomte…
Il avait fallut rentrer sur Paris et envoyer des missives avant de rejoindre Ryes...

Ryes où la Peste franchit les portes au milieu de la nuit, emmitouflée dans son mantel.
A peine un mot au garde pour s’identifier et elle s’était réfugiée dans les catacombes pour ne pas croiser ses Frères au détour d’un couloir.
Comment leur expliquer alors que le Grand Maistre avait été kidnappé sous ses yeux sans qu’elle parvienne à l’empêcher ? Comment leur dire qu’elle avait échoué à le protéger ?
Elle ne ressortit de sa sombre cachette que plusieurs heures plus tard, juste avant le levé du soleil en espérant pouvoir se rendre au Haras et y passer la journée avec les chevaux comme seule compagnie.
Mais le Capitaine semblait en avoir décidé autrement. Réunion extraordinaire. Pas moyen d’y couper. Et ils étaient désormais tous au courant de la disparition de Guillaume…
Zalina lâcha un profond soupire et retourna dans sa chambre souterraine pour se changer.

Mantel sur les épaules, épée en bandoulière et dagues à la ceinture, c’est une Peste aux yeux cernés rivés au sol qui pénétra dans la salle. Elle ne releva même pas le nez pour voir qui était déjà présent. Si elle avait pu, elle aurait rejoint sa place en longeant les murs, mais la disposition de la Salle ne laissait d’autre choix que d’emprunter l’allée centrale et son banc était l’un des plus proche de l’estrade.
La Poitevine s’arrêta un instant au bout de la rangée des Cavaliers. Guillaume n’aimera sûrement pas mais il n’avait qu’à être là. Son adoubement avait bien eu lieu, mais elle préférait laisser le Haut Conseil juger si elle le méritait encore après avoir faillit et laisser le Grand Maistre.
Seuls Totox, Guillaume et elle étaient d’ailleurs au courant, à moins que Licorne ait eu le temps de l’annoncer à son retour de Flandres. Aucune chance que Guillaume ait put le faire lui-même. Pour l’heure, elle ne se sentait pas digne des Chevaliers qui avaient servis sous la bannière de l’Ordre.
C’est donc au banc des Cavaliers qu’elle finit par poser son postérieur sans un mot et prenant soin de ne croiser aucun regard.

Invité

La lecture de la missive avait laissé Silec perplexe, il se dirigea donc vers la salle pour cette reunion extraordinaire.

Matinée fraichissante - l'hiver et ses rigueurs approchant - sur Ryes. Matinée habituelle pour l'écuyer qui était, comme on dirait plus tard, dans le creux de la vague. C'était pas son temps pour l'instant ... peut-être avait-ce cessé de l'être il y a 6 mois mais c'était seulement désormais qu'il s'en rendait pleinement compte. Il avait cédé aux sirènes du pouvoir et s'en mordait les doigts.

Matinée de doute, encore, inlassable. Le doute qui s'insinue ... Comment pouvait-on être autant en porte-à-faux que poitevin licorneux, passant pour trop royaliste d'un côté et pas assez de l'autre. Comment faire comprendre à des frères qui voyaient en lui un futur ennemi - ou presque - qu'il se battait presque quotidiennement pour que la Licorne n'aille pas perdre encore d'autres membres en Poitou et pour que le Poitou cesse sa crise d'adolescence.
Non, il ne s'était plus battu aux côtés de ses frères depuis de longs mois. Mais non, il n'avait pas non plus profité du prestige de sa cape acquise pour ne plus en ramer une. La lutte verbale pour la défense de la paix est un boulot moins glorieux mais qu'il ne pensait pas moins utile ...
Quel chevalier avait encore dit qu'avant les armes, il faut privilégier la parole ? Il ne savait plus mais aurait sûrement aimé le connaitre.

Matinée de questionnement lorsqu'il vit le mot du Capitaine accroché au panneau d'affichage. Le grand Maistre disparu ? Quelle folie ? Qui ? Que ? Quoi ? Où ? Comment ?
Une réunion extraordinaire ? Fichtre, c'était la deuxième en 2 semaines ! L'ordre allait-il si mal que ça ?

Bien sur, il avait remarqué - comme tout observateur un tantinet attentif - que les chevaliers tombaient comme des mouches, qu'il y en avait de moins en moins et que les guerres avaient pris leur lot. Mais il eût un choc quand il entra en salle du chapitre et qu'il vit, sur l'estrade du HC, un seul homme, aux cheveux blancs et qu'il n'avait plus vu en ces murs depuis au moins 3 mois.
Rhuyzar !
Etait-ce vraiment le dernier ? Les autres étaient tous décédés ou retraités ? Et Guillaume porté disparu ...

S'asseyant sur le banc des écuyers, auprès de Bess et Benjamin, il salua tous ceux qu'il voyait d'un signe de tête, simple, éloquent, mais retenu. Comme si toute la salle se trouvait dans une ambiance mélangeant l'impatience de l'attente et la tristesse d'avoir perdu un frère ... un père.

La nouvelle était déjà parvenue aux oreilles du cavalier mais il n'avait pas encore réussi à l'assimiler complètement. Bien sur au bout d'un moment il avait du accepter la nouvelle mais son esprit refusait toujours complètement d'y croire. En sus de cela évidemment il fallait bien que quelqu'un reprenne le flambeau et le normand avait accueilli avec soulagement le message du capitaine Rhuyzar annonçant la réunion extraordinaire de la Licorne.

Caturix s'en était donc allé dans ses quartiers sitôt mis les pieds dans la forteresse et avait décidé de venir plus tard voir les hommes d'armes dont il avait désormais la tâche. La gestion des priorités faisait que cette réunion au pied levé était grandement plus importante pour l'Ordre qu'une petite réunion de mise au point et de proposition dans la tour Hestia. Cependant il comptait tout de même s'y rendre pour se rendre compte de ce qui s'y faisait ne voulant pas laisser les potentiels futurs écuyers faire trop de bétises.

Une fois revêtu sa tenue solennelle de la Licorne, le cavalier se rendit en direction de la salle du chapitre où plusieurs de ces frères étaient déjà arrivés. Le normand salua donc les présents Mackx, Stannis, Alcalnn, Silec, Zalina, Akane, Bess et le P'tit Guilhem avant d'aller s'incliner devant le Capitaine puis de s'en aller vers le banc pour attendre le début de la réunion.

Invité

Lorsqu'il avait lu la lettre du Capitaine, Bulvaï avait du la relire une seconde fois pour s'assurer qu'il avait bien lu : Guillaume de Jeneffe disparu.... qui ? pourquoi ? rançon ? L'ordre de la Licorne était un des ordres royaux, le plus prestigieux au yeux de l'écuyer pourtant modeste, le Grand Maître pouvait avoir des ennemis mais de là à l'enlever, il y avait un pas à faire et nul brigand ne pouvait ne pas savoir que les hommes de la Licorne ne laisserait pas ce crime odieux impuni et que la machine de guerre de la Licorne allait se mettre en marche. Il avait relu la lettre une dernière fois, plus lentement, et s'était caressé le menton, il s'était remémoré l'activité à Ryes de ses derniers jours, il trouvait maintenant une explication à diverses choses qui avaient attiré son attention et qu'il avait trouvé anormale.

Il avait revêtu sa cape azur frappée de la licorne d'argent et avait glissée une dague dans sa ceinture et s'était dirigé vers la salle du chapitre où allait se tenir une réunion extraordinaire. En entrant, il regarda les draperies qui recouvraient les murs et il fut encore plus frappé ce jour par l'atmosphère solennelle qui régnait dans la salle. Il s'approcha du banc des écuyers et salua ses frères déjà présents avant de prendre place parmi eux. Chacun avait le visage grave et se demandait ce que le capitaine allait dire : départ de l'Ordre pour la battue ? remplacement temporaire du Grand Maitre ? L'heure était grave pour la licorne et en cette période de doute, d'interrogation en l'absence de leur guide, de leur Maitre, Bulvaï était persuadé que la meilleure façon de faire face aux évènements c'était d'abord d'être solidaires, de faire bloc, mais est ce que les licorneux étaient assez solidaires pour ça, parfois il en doutait. mais ne l'évoquait pas.

[hrp: comme j'ai pas envie que ça dure trois plombes et qu'il ne faut pas que ça dure trois plombes, on va s'imaginer gentiment que ceux qui devaient être là sont tous arrivés. C'est pour ton bien. /hrp]

Assis sur son siège posé sur l'estrade le Capitaine attendait. Il ne s'occupait pas du bruit généré par l'arrivée massive des membres de l'Ordre. Il laissait passer le vacarme comme on intègre le bruit du fleuve qui coule dans son champ auditif. Il restait concentré, saluant machinalement ceux qui s'arrêtaient pour lui adresser un signe, essayant une dernière fois de rassembler les mots qui se bousculaient dans sa tête, de les ordonner. Il se doutait que la formulation de sa missive avait du choquer et provoquer le trouble chez beaucoup de ses frères. Nombreux étaient ceux qui n'avaient vu que peu de disparitions de grands hommes. Avec le temps Rhuyzar avait appris à faire abstraction de sa tristesse et de sa colère pour poursuivre sa route au sein de la Licorne et l'entrainer dans son sillage. Le temps de la vengeance viendrait bien assez tôt, il ne ferait pas la même erreur qu'Erwyn en son temps.

Petit à petit le bruit diminua dans la grande salle. Les Licorneux s'étaient installés et attendaient en silence que celui qui les avait convoqués prenne la parole et dévoile ce qui devait être entendu.

Constatant que tout le monde était prêt, le vieux Vicomte déploya son corps fatigué et fit quelques pas vers le bord de l'estrade, se rapprochant le plus possible des bancs tout en restant surélevé afin que tout le monde puisse le voir. Son regard d'ordinaire vif et froid était, en ce jour triste, étrangement plus terne. La seule lumière qui émanait de lui était celle provoquée sur sa cuirasse par la lueur furtive des torches. On aurait dit un feu mourant dans l'âtre, le crépuscule d'une existence bien remplie et s'éteignant lentement. Mais sa voix restait puissante et grave, et tous purent s'en rendre compte lorsque les premiers mots jaillirent de sa bouche, résonnant dans la pièce conçue pour répercuter les sons, les amplifier et écraser l'auditoire:

Mes Frères ! Aujourd'hui est un sombre jour ! Aujourd'hui il m'a fallu faire le choix que je redoutais depuis si longtemps ! Je m'y étais auparavant toujours refusé, mais il ne m'est plus possible de retarder l'échéance, le temps est contre moi et s'il réussit à me vaincre, restera inachevé ce qui aurait du être !

Regardez bien ! Ouvrez grands vos yeux ! Car voici devant vous le dernier souvenir des Chevaliers que notre Ordre enfanta des années durant ! Des monstres pour certains ! Des héros pour d'autres ! Un mystère pour beaucoup ! Voila ce que nous fûmes !

Trop longtemps j'ai refusé de croire que notre temps était révolu ! Trop longtemps je vous ai refusé l'entrée du sanctuaire ! Croyant que vous n'étiez pas prêts ! Qu'il nous fallait des héritiers ! Et je le paie aujourd'hui, seul de mon espèce, dernier survivant d'un passé qui n'a plus de place en ce monde !

Je me suis trompé... Mille fois trompé. Le Royaume et les conflits qui le divisent ont changé. Cette époque n'est plus faite pour nous. Ces guerres ne sont pas nôtres. C'est à vous qu'il appartient de relever l'étendard tombé ! C'est à vous désormais de prouver que l'élite du Royaume n'a pas quitté nos murs ! C'est à vous de brandir nos valeurs et d'offrir assistance à ceux qui le méritent et à qui nous l'avons jurée !

Ne comprenez pas mes mots, acceptez-les ! J'ai vécu, et bien vécu ! J'ai croisé le fer tant de fois... J'ai dénoué tant de complots... de malveillances que je ne saurais les compter. Je suis las et perdu dans ces nouvelles guerres. Je ne comprends plus ces ennemis, je ne comprends plus ce pouvoir... Mais vous, vous le pouvez ! Si je décide de vous choisir ce n'est pas à contrecœur, mais bien parce que je vois enfin le chemin que la Licorne doit emprunter pour retrouver la lumière !

Le Capitaine ne prit pas le temps d'observer l'effet de ses paroles. Il marqua une courte pause durant laquelle il s'éclaircit la gorge avant de reprendre, d'un ton plus calme.

Vous l'avez lu, tous, notre Grand Maistre a disparu. Les circonstances ne sont pas claires et l'enquête est en cours. A ceux qui en douteraient je peux affirmer que tout ce qui est en notre pouvoir sera fait pour le retrouver ou le secourir.

Sans doute ne comprenez-vous pas qu'en ces heures où Guillaume est peut-être en danger je vous réunisse ici et vous assomme de paroles. Mais sachez, jeunes gens, que si cette affaire me préoccupe, une autre m'attriste davantage. En son absence, et pour peu qu'elle se prolonge, me voila seul à détenir les clefs du plan que nous avions en tête.

Je vais vous demander un choix difficile. Je vais vous demander de m'accorder une dernière fois votre confiance et votre soutien et de me permettre d'accomplir une dernière chose pour mon Ordre.

Rhuyzar s'arrêta et sembla un instant vaciller, comme si les mots qu'il voulait prononcer étaient trop durs à supporter... Il se reprit finalement mais sa voix avait faibli. De dure et vaillante elle était devenue cassée et emprunte de peine.

Je vous demande... de m'accepter comme Grand Maistre en la place de Guillaume. Je vous demande de me donner le pouvoir d'adouber et de nommer un nouveau Haut Conseil qui prendra les rênes de l'Ordre... Je vous demande, en respect pour nos lois, de me donner le pouvoir de vous confier la Licorne et son avenir... Une fois cet acte accompli, je quitterai ma charge, le Haut Conseil à titre actif et partirai en quête de mon Frère Guillaume... Mais je ne peux partir avant d'avoir accompli cela, et je ne pourrai diriger l'Ordre indéfiniment en son absence. Le temps et la fatigue me pressent...

Les mots ne venaient plus. Rhuyzar se tut alors, guettant les réactions de ses jeunes frères. Ses jambes tremblaient sous le coup de l'émotion. Il approcha son siège et s'assit, semblant enfin sentir le poids des ans et des actes qui pesait sur ses épaules.

Les mots tombèrent tel un couperet…Le Grand Maistre avait bel et bien disparu… L’errante sentit sa gorge se nouer… Leur Grand Maistre, leur guide spirituel à tous…

Elle s’était attachée à cet homme, bien qu’elle lui en avait fait voir des vertes et des pas mures, comme un enfant têtu à son père… Mais n’étaient ils pas tous des fils et filles de la Licorne après tout ?

La froide duchesse retenait à présent ses larmes, pleurer est un signe de faiblesse… Chose qu’elle avait apprise de son expérience passée… Le Capitaine, aussi touché que l’assemblée présente, leur demanda une faveur… Ressenti étrange, cet homme si peu enclin à montrer d’ordinaire ses émotions, laissa entrevoir sa tristesse… Elle l’avait que très peu croisé, et des rapides fois où elle en eut l’opportunité, elle en garda le souvenir d’un être impassible…

Le silence se fit dans la salle après le discours, elle se leva, en regardant ses autres frères et sœurs, les invitant de la sorte à faire de même… Elle se leva pour signifier qu’elle donnait son accord concernant la faveur demandée… Elle prit la parole, ses prunelles azur fixèrent à présent Rhuyzar… Peut être cela lui saura reproché par la suite ? Mais qu’importe…

-Capitaine…De nous tous içi présents, vous êtes le plus apte à gérer cette lourde charge momentanément… Vous êtes un des seuls anciens qui nous restent, vous avez bien plus d’expérience que nous tous… C’est donc légitime… Faites de votre mieux, vous avez ma confiance…

Elle se rassit, attendant la réaction de ses comparses…

Invité

Nennya avait été réveillé par Alcalnn, il fallait se presser avant qu'il parte en Anjou, elle avait sauté dans son rêve, volontairement ou pas, elle ne le saurait jamais.Avait elle eu l'idée de se suicider, elle ne le savait point, elle revit son corps démentelé en bas des remparts, et se dit qu'il n'était pas possible qu'elle est pu faire cela...Il l'avait emmené dans sa chambre pour qu'elle se repose un peu, mais quelques minutes après, il revint pour lui dire qu'une réunion se tenait à la licorne, encore une...mais celle là était extraordinaire, ils disaient tous cela toute facon. Elle avait encore des douleurs et ne savait pas si c'était les prémices de l'enfantement, elle ne voulait plus se déplacer avant d'être mariée au chat.
Il l'aida à se déplacer, ne pouvant malheureusement pas la porter, direction la salle du chapître ou le grand congrès allait se tenir.
Elle pris place vers le fond, s'asseyant sur un banc vide, c'était déjà commencé, un discours du capitaine, le grand maître était porté disparu, elle avait du mal à le croire, c'était une nouvelle inbuvable.
Le capitaine Rhuyzar énonca les mots, il devenait grand maître à la place de Guillaume, les choses allaient vite, pourquoi les avoir réunis dans ce cas là?

Surement pour ne pas les laisser dans l'ignorance...personne ne parlait, silence de plomb, comme souvent dans les réunions licorneuses.Elle se leva et d'une voix timide, elle ne savait pas si elle avait le droit de parler:

-Je ne puis me prononcer...car je ne connais point frère Rhuyzar, je ne sais pas ce qu'il a fait pour la Licorne et ses projets pendant ce temps...désolée j'espère que je ne suis pas importune dans mes propos.Justice, honneur et bravoure.

Elle se rassit doucement et à bout de souffle, elle sentait une nausée venir et elle avait du mal à la contrôler, il n'y en avait plus pour très longtemps.Elle sortit rapidement de la salle, l'envie était trop forte elle ne put se retenir.

A peine l'écho des pas du dernier de leurs Frères fut-il éteint que le Capitaine se dressa devant l'assemblée, avant de tisser rapidement de sa voix puissante, telle Mathilde à Bayeux, la fresque de la Licorne passée et présente, Puis de conclure la première partie de son discours en entrouvrant une porte sur leur avenir, enchaînant presque aussitôt, sans leur laisser vraiment le temps d'assimiler ce qui était dit, sur la disparition du Grand Maître. La confirmant, mais sans plus, les circonstances restant apparemment inconnues...

Que devenait un Ordre Royal incapable de préserver son Grand Maître, s'était-il demandé en prenant connaissance de la nouvelle. Et voilà que Rhuyzar, avec un implacable sens du devoir, comme il se devait, le leur révélait. Il devenait un Ordre avec un nouveau Grand Maître, et la vie, malgré tout, se devait de continuer. Il devenait aussi, en ce cas précis, semblait-il, un Ordre avec un nouveau Haut Conseil, comme la béance des places vides sur l'estrade en indiquait le besoin. L'heure cependant n'était pas à la contemplation, mais à l'action, l'Animal le voulait... La procédure n'était pas exactement régulière, mais peu importait: les circonstances ne l'étaient pas davantage, et il eut été idiot de perdre du temps si précieux là-dessus, aussi le légiste n'eut-il pas de mal à décider de passer cela sous silence alors qu'il se dressait à son tour, péniblement, se sentant pour l'heure âgé bien au-delà de ses années, et prenait la parole d'une voix encore forte, s'il y transparaissait cependant un peu de son souci.

Je choisis le Capitaine Rhuyzar en tant que Grand Maître pour l'Ordre.

Il était sur le moment incapable d'en dire davantage, mais peu importait, car il n'était pas besoin d'en dire plus. Ces paroles satisfaisaient les besoins de l'Ordre, tant celui de choisir un Grand Maître que celui de ne pas perdre de temps pour cela... Les interrogations sur le sort du précédent pouvaient attendre. Elles le devaient.

Invité

C'est un Chevalier-Heraut, las , portant de plus en plus difficilement le poid des années passées sur les routes a se battre qui avait rejoint la salle du chapitre pour , il l'esperait' une derniere ceremonbie en tant qu'officiel. il lui falait etre present , meme s'il n'en avait pas la force, sa derniere blessure n'etant pas encore guerie.

Il ecouta d'une oreille distraite le capitaine prononcer les mots graves mais justes qu'il devait prononcer. Il n'eut meme pas le temps de reagir que deja Akane et Stannis avaient repondu vivement au capitaine. Il se leva pour venir se placer aux cotes de son vieux frere, symbolique de tout son soutien.
D'une voix fatiguée et tremblottante il dit :

Mes freres et soeurs , il est evident que le Capitaine est l'homme qu'il nous faut en ces temps troubles. Comme lui , je ne suis plus a meme de porter l'ordre vers les sommets qu'il merite d'atteindre. Il est temps que vous preniez le relai et je sais que vous en etes capables. Certains chevaliers ont ete recemment adoubes meme si l'une d'entre-eux n'a pas encore compris sur quel banc elle devait s'asseoir .

Sourire en coin vers sa peste numero 1.

D'autres le meritent et le seront surement tres bientôt pour l'avenir de l'ordre mais surtout en recompense de leur valeur et de leur travail. Comme il l'a dit , il nous faut rapidement un nouveau conseil.

Il sentit alors ses jambes qui n'arrivaient plus a le porter. Et c'est donc en retournant s'asseoir qu'il conclut .

Le capitaine Rhuyzar a tout mon soutien .

Le vieux lion n'était pas encore à l'agonie se prit à sourire le cavalier. En écoutant le Capitaine, le normand d'abord un peu distrait sur les explications de texte se prit à écouter vraiment ce qui se disait. Le passé, le présent, le futur... la vie en quelque sorte. D'où venait la Licorne, que faisait-elle et où allait-elle. La première question avait une réponse assez simple, il suffisait de regarder en arrière pour voir tout ce que l'Ordre avait accompli. Le présent était un peu plus délicat et tenait à ce que chacun faisait chaque jour que le très haut nous accordait. Et pour le futur... et bien la réunion du jour allait en partie le sceller ou tout du moins fortement l'orienter.

La demande de cet homme qui demandait une faveur ne choqua pas Caturix qui se doutait un peu qu'elle allait arriver. Il le fallait de toute façon... même si dans son cœur le cavalier aurait plutôt préférer courir à la recherche du son Grand Maistre, son esprit lui était bien conscient que le devoir principal était de mettre une tête pour diriger la Licorne. Kirah lors d'une discussion lui avait d'ailleurs fait comprendre qu'il ne fallait pas que cela traine trop. Mais une faveur, en ces temps troublés le normand n'était pas certain que cela en soit une. Un honneur sans aucun doute mais une faveur pas certain. Surtout une lourde charge en ce moment.

Et en fait à part le Capitaine Rhuyzar, à l'heure actuelle nulle autre personne ne pouvait prétendre à occuper ce poste. De toute façon l'heure n'était pas à la chamaillerie mais à l'union et au rassemblement. Quelques puissent être les réserves de chacun sur comment se comportait telle personne ou telle autre... pas de cela aujourd'hui. IL n'y avait qu'une seule chose à dire et elle tombait sous le sens.

Après que Akane, Stannis et Totox eurent prononcer cette phrase, le cavalier se leva à son tour regardant la Licorne gravée sur son épée avant de parler regarder Rhuyzar dans les yeux.

Capitaine, vous nous demandez aujourd'hui de prendre une décision. Une décision dictée par les évènements et qui ne peut être que celle que mes frères et sœurs qui se sont déjà exprimés ont dite. Vous êtes le seul à pouvoir reprendre les rênes de notre Ordre à l'heure actuelle et par conséquent nulle hésitation à avoir. Vous êtes le seul légitime et je vous choisit donc comme Grand Maistre de l'Ordre Royal de la Licorne.

Mais de faveur je ne suis pas sur que ce soit. Un grand honneur il n'y a pas de doute mais également un grand poids sur vos épaules et je pense que vous les avez assez large pour cette grande mission.

Reportant son regard sur le reste de l'assemblée comme pour y chercher un assentiment général, Caturix se rassit ensuite attendant que les évènements suivants se produisent.

Toujours tête baissée, Zalina ne releva pas le nez lorsque le Capitaine prit la parole. Les mots qu’il prononçait, elle les avait déjà entendus. Tous les anciens venaient à les prononcer. A croire que le Haut Conseil aspirait leur vie pour la redonner à la Licorne. Ce n’était probablement pas si loin de la vérité.
Mais voir en Rhuyzar autre chose que le fragrant écuyer qu’elle avait connu à Bressuire, çà elle le refusait. Comme les anciens refusaient de voir en elle autre chose qu’une petite fille de douze ans qu’il fallait protéger. Pourtant, pour elle comme pour eux, la roue du temps ne s’était pas arrêtée, les usants bien trop vite.

Ainsi donc, la Licorne était à un tournant que le Capitaine voulait lui faire prendre. Ce tournant ne lui plaisait pas. La jeune femme le redoutait autant que son Capitaine mais elle suivrait les décisions du Haut Conseil. Si au moins la Peste avait la certitude que les jeunes perdurent les valeurs de la Licorne… Changer les méthodes oui, les actions oui. Mais les valeurs ? Pourvu qu’ils continuent à se battre pour elles… ou la Licorne sera de toute façon morte, gardant un nom, une bannière, mais vide de tout sens, de toute vie.
Si les ongles de la Peste rentrèrent de nouveau dans ses paumes, rouvrant la plaie, elle se doutait que d’autres étaient en train de jubiler. Mais le plus important était d’avancer, toujours, quoi qu’il arrive.

Puis vient LA question. Pas vraiment une surprise pour la Peste. Elle s’attendait à l’entendre rapidement dès l’annonce de la disparition de son Maistre. La place ne pouvait rester vide, il en allait de la survie de l’Ordre.
Y nommer un Capitaine, seul restant depuis la mort de Deny en Bretagne était la meilleure solution. Leur rôle étant de suppléer et remplacer le Grand Maistre pendant son absence. Et c’était bien là ce que voulait faire Rhuyzar, en application avec leur Charte.
Mais le laisser quitter sa charge pour partir à la recherche de Guillaume sans elle, là il pouvait rêver. Pour l’un comme pour l’autre.

La Peste laissa ses Sœurs et Frères répondre à la question du jour. Elle avait déjà voté pour Rhuyzar au dernier vote pour nommer un Grand Maistre. Elle n’avait pas changé d’avis sur les capacités du Loup, quoi qu’il puisse penser de ses cheveux grisonnant qui lui donnait l’air plus sage, mais pas vieux.
Un simple hochement de la tête valida son approbation et son soutien.

L’intervention du Papy, enfin sur ses pieds, finit par faire lever les yeux de la Poitevine. Elle lui tira une petite langue fatiguée, plus par principe que par réelle envie.
La Licorne doit continuer. Les Chevaliers passent, l’Ordre reste. Guillaume lui-même n’aurait pas voulu que l’on laisse tout en état en attendant son retour à la maison.

Invité

Arrivé peu après la plupart des autres Licorne, Psycho s'était installé sur un banc au fond de la salle. Il n'avait pas vraiment été surpris par la nouvelle de cette réunion extraordinaire, des rumeurs lui étaient parvenu… sans avoir pu les confirmer.
C'est donc avec le plus grand intérêt qu'il était venu de sa plus belle tenue en salle du chapitre.
Là le Capitaine Rhuyzar présidait. Stature et prestance imposant le respect et l'admiration.
L'écuyer pensait qu'un ordre de mission allait leur être donné du fait des évènements, de la disparition. Psycho était prèt à partir sur le champ, tout juste le temps de faire un bref paquetage, et il serait à sillonner villes et campagnes à la recherche de son Grand Maistre.

Mais les mots du capitaine sonnèrent autrement… Il parlait d'être désigné comme étant Le Grand Maistre. Réaction épidermique de l'écuyer, sensation de nausée… cœur qui s'emballe et souffle coupé… Puis montée de sang à la tête.
Comment remplacer celui qui avait été son model. Celui qui était le Grand Maistre?

Première réaction très passionnel donc, à la limite du dégout à cette idée de remplacement. Car cela signifiait qu'une page devait être tournée, qu'une époque était révolu… Et Psycho ne s'y été pas préparé. Loyauté oblige… Psycho était dans un grand désarroi.

Quelques dizaine de seconde plus tard… alors que certain s'exprimaient déjà sur cette annonce Psycho se remémora son serment. Le serment que tous avaient fait en entrant dans l'ordre… Et c'est là qu'il trouva les réponses à ce désordre mental provoqué par la disparition du Grand Maistre et l'annonce du Capitaine.
Le souffle qui reprend, le cœur qui retrouve un rythme normal ou presque… cette nausée qui s'éstompe… mais toujours ce bourdonnement dans le crâne, signe que la dissonance cognitive n'était pas complètement résolu. Il restait à Psycho de prendre une décision… Pour la Licorne… Pour Guillaume de Jeneffe… Celle d'approuver ce qui devait être fait, celle de garantir la continuité de l'Ordre. Car nul homme n'est éternel… Mais la Licorne elle devait l'être.

Psycho se leva à son tour donc, et d'une voix qui trahissait son mal…
Par ma lame, mais avec peine... j'approuve également. Ce poste ne peut être inoccupé, comme aucun autre au sein de la Licorne.
Puis d'un poing levé: Justice Honneur Bravoure! Pour la Licorne!

Psycho avait parlé suffisamment fort pour que tous puissent l'entendre, mais tête baissée, yeux rivés au sol, afin de ne croiser aucun regard, de peur qu'on puisse lire dans le sien. Il ne parla pas de sa volonté à partir à la recherche du Grand Maistre... puisque tel ne semblait pas être le sujet... pour le moment...

Elle reste silencieuse un moment la rouquine sur le banc des errants.

Placard posé dans la salle du Chapitre. Écriture peu connue. Retour d’une légende. Retour du Capitaine Rhuyzar.
Nouvelle. Effrayante nouvelle. Disparition. Quel mot terrible. Un mot plein d’incertitude. Un mot sonnant le danger, la mort, laissant peu de place à l’espoir. Guillaume… disparu. Elle avait mis du temps à assimiler l’entière complexité du sens de ce mot, de la situation. Comme quand on sort d’un rêve, si présent, si réel, qu’au réveil on demande encore, s’il s’accroche à une réalité.

Après un temps de latence elle s’était préparée. Réunion extraordinaire. Pour situation désastreuse. La rouquine avait donc revêtu sa tenue de toujours, sa tenue de Licorneuse, celle qui avait tant paré sa peau, pour laisser peu de place aux autres. Braies noires, chemise noire, mantel frappé de l’animal mythique. Bottes cirées avec soin, perdue dans les pensées, dans des hypothèses, toutes plus catastrophiques les unes que les autres,entrecoupées de sursauts d’espoir… une fois chaussée, Miséricorde prit sa place à sa senestre, battant sa jambe dans un mouvement instinctif, tellement vécu. Vinrent ensuite sa dague près de cette grande sœur d’acier, la ceinture qui maintenait son poignard dans son dos et sa trousse d’herboriste. Condensé de sa personne, matérialisé dans le cuir et le métal.

Elle était arrivée dans le donjon et était avancée jusqu’à la salle du chapitre. Petit arrêt à la porte lorsque la salle s’offre à ses yeux. Sur l’estrade, il est là. Le chevalier de légende. Compagnon de son frère. Il semble éternel le chevalier, sur son siège de Capitaine, perdu dans la contemplation d’un ailleurs. Différent de son souvenir, mais tellement semblable. Les traits étaient plus fatigués, les cheveux avaient blanchi, mais le charisme, la stature, le prestance n’avaient pas changé. Au contraire, il semble que les ans n’aient fait que les amplifier… Elle se revoit à sa cérémonie d’intronisation, dans une clairière près de Paris, à la lueur des torches, prêtant serment devant un parterre de chevaliers de légende dont il faisait partie. Elle ressent encore cette sensation de petitesse face à l’aura de ces hommes, elle ressent encore les batailles, les sacrifices, les douleurs qui les accompagnent, pendants de leur gloire et de leur dévouement, l’assaillir en écho à ce jour où, à genoux, elle avait juré sous l’œil de son frère, de servir et de mener sa vie sous l’égide de trois crédos. Justice, honneur et bravoure.

Puis instant de panique… qui sont ces deux hommes qui se tiennent à la porte et dans la salle ? Visages masqués par un turban noir, regards sombres, parés de mystères… Orient… Enguerrand, Enguerrand… sa tête cherche sur les bancs le visage et la stature connue. Pardieu s’il les voit… tête qui tourne et retourne… il n’est pas encore là. Mains qui se tordent. Tout se passera bien, tout se passera bien… se mentir, se mentir pour pouvoir aller s’assoir, pour arrêter de fixer les gardes, pour cacher l’inquiétude qui vient de naître dans ses yeux sinoples. Secret si dur qui la ronge. Situation qui se présente fort mal. Elle essaie de se donner une contenance, remet en place sa cape et sa mise pour se laisser le temps de mettre un ordre à ses pensées qui s’affolent. Elle ne peut pas rester là et l’attendre. La mort dans l’âme elle rejoint le banc des errants, en prenant soin de se mettre à son bout, celui le plus proche du mur. Un mince regard à Akane. Elle se perd dans une contemplation de la salle, fausse, cherchant du regard la silhouette du cavalier. Ses yeux se posent sur une bannière aux quintefeuilles d’or. Guilhem. Raphaël. Sa tête se retourne vers le banc des écuyers. Il est la le futur. Les yeux aussi rivés sur la même bannière qui rappelle une autre figure de chevalier plus cher surement à leur cœur qu’à d’autres frères et sœurs. Visage qui se repose sur l’estrade. Des ombres, enturbannées, qui veillent…
Poser son regard… poser ses pensées. Il y a dans la tête de la rouquine trop d’inquiétudes, pour trop de monde, pour trop de choses. Elle se concentre sur ses mains… ses mains… qui seront surement occupées les prochains temps. S’il faut des volontaires pour chercher Guillaume, alors elle sera de ceux là. Elle a besoin d’une quête, d’un but, d’une œuvre. Elle a besoin d’un autre horizon. Elle a besoin de s’oublier en servant corps et âme, pour fuir oui, fuir ce qu’elle ne peut pas résoudre.

Longs instants dans la salle d’intronisation, qui s’emplit de bruit de cape et de chuchotements…
Quelqu’un s’assoie devant elle. Souffle court. Cheveux poivre mêlant le sel récolté dans les salines des soucis et des combats.
Enguerrand…
Elle voit ses épaules qui se soulèvent… il souffre.

Courage frère… je t'en prie ne failli pas...

Peu importe qu'ils voient tous son geste. Elle pose sa main sur l'épaule de l'Errant.

[Carentan, domaine de retraite du Perplexe]

Il rêvassait devant sa fenêtre, scrutant le ciel gris d’automne, un livre à la main. Cela faisait maintenant plus d’un mois qu’il était resté cloitré dans son manoir de Carentan, avec le strict minimum. Pas de cour, pas d’armées de serviteurs, seulement son homme de confiance, le cher Riton, fidèle au poste depuis que le jeune Normand était devenu noble, il y a de cela plus d’une année. Que de temps s’était passé depuis cette année, que d’événements, certains heureux, d’autres moins. Mais ce n’était pas à cela que le nouveau propriétaire des lieux pensait : plongé dans une sempiternelle méditation, réflexion, perplexitude certains diront, il se demandait s’il avait bien agi. S’enfuir, couper les ponts, les lieux qui l’unissaient à son ancienne vie avant que la séparation ne devienne trop dure, trop difficile à gérer… Avait-il fait le bon choix ? En tout cas, ce ne serait sûrement pas dans livre qui reposait sur ses genoux qu’il trouverait la réponse : on pouvait y lire comme titre « L’art de la guerre », un livre qui lui rappelait son ancienne vie… Mais finalement, à quoi cela lui servait-il ? Il n’avait pas l’intention de retourner à la guerre, ni même de prendre part à un quelconque conflit dans son état. Alors pourquoi s’acharner à perfectionner ses connaissances, à tenter de combler ses lacunes dans le domaine militaire ? Qu’espérait-il à part souffrir en espérant futilement que ces connaissances pourraient être utiles à quelqu’un ? Il ne pouvait pas les appliquer, et il n’avait pris personne à qui les enseigner. Encore une lubie de vieillard de vouloir continuer à s’instruire même si cela ne lui servait finalement à rien.

Il referma le livre, n’étant plus d’humeur à continuer sa lecture, son apprentissage qui finirait bientôt comme lui en poussière. Mais que lui arrive-t-il ? Jamais auparavant il n’avait pensé de la sorte, jamais il n’avait laissé tomber les bras face à l’adversité, face aux épreuves tant que cela restait dans son domaine de compétence et dans la légalité. Pourquoi aujourd’hui n’arrêtait-il pas de ressasser de sombres pensées de mort, de désespoir, d’inutilité ? A quoi bon restait ici, si ce n’est à pourrir dans un domaine vide de toute âme ou presque ? Autant mourir sur le champ, au moins, il ne dérangerait plus personne. Mais une mort honorable serait quand même préférable à une asphyxie alors qu’il se noierait dans ses sécrétions. Une nouvelle quinte de toux l’arracha à ses pensées, lui rappelant avec toute son intensité la mal qui le rongeait, la douleur qui sapait ses forces, et, il s’en rendait compte maintenant, son moral et son esprit. Le désespoir le faisait dépérir aussi sûrement que s’il souffrait d’une grave blessure. Non, il fallait qu’il se reprenne, qu’il retourne à son ancienne vie, qu’il continue à vivre au lieu de crever à petit feu. Qu’est-ce qui lui avait pris de partir sans un mot, sans une explication, sans même un au revoir ? On devait se douter du lieu où il se trouvait, cependant personne n’était venu jusqu’à lui. Il devait y avoir fort à faire, des tâches, des missions auxquelles il avait décidé, sur un coup de tête, de tourner le dos. Il pensait que la maladie dont il souffrait était incurable, ce que, d’après l’expérience qu’il en avait, était vrai dans la majorité des cas. Mais au lieu de lutter contre cette fatalité, il avait préféré renoncé à se battre, attendant patiemment que la faucheuse fasse son œuvre et le libère de ces tourments. Est-ce ainsi qu’un chevalier, qu’un homme devait agir ? Non, et il le savait parfaitement. Il aurait dû lutter de toutes ses forces, tout tenter afin de repousser au maximum l’échéance, quelle qu’elle soit.

C’est avec cette nouvelle résolution qu’il se leva : ce n’était plus le moment de s’apitoyer sur son sort, de regretter ce qu’il aurait pu, aurait dû faire. Non, il avait encore la force d’agir, même si l’inaction et la réclusion auxquelles il s’était astreint en avaient rongé une bonne partie. Il savait qu’une longue discussion allait s’en suivre, avec ses amis, avec ses Frères, avec son épouse… Cela n’était guère plaisant, mais il devait s’expliquer, s’excuser, reconnaître ses fautes. Même s’il n’était plus le même qu’à son entrée à la forteresse, il y avait beaucoup de chose à faire, beaucoup de responsabilités à prendre, et qui ne nécessitaient pas forcément une grande forme physique. Il avait délaissé la vie citadine d’Avranches, se coupant de la réalité et des futilités de la vie courante. Trop de personnes, trop d’amis étaient maintenant partis, il n’avait finalement que peu de liens restants avec sa ville natale. Peut être était-il temps de couper ses liens, et de reprendre tout à zéro, recommencer ailleurs… Mais pour l’heure, ce n’était pas la question qui devait le préoccuper. Il devait se préparer à ce qui l’attendait : il fallait qu’il aille voir un vrai médicastre, même s’il ne se faisait aucune illusion sur leurs réelles compétences et leurs médications. Peut être devrait-il aussi faire un tour à l’infirmerie de la forteresse, histoire de voir s’il n’y avait pas une quelconque décoction lui permettant de moins souffrir, de lui redonner de l’énergie qu’il ne pouvait plus récupérer par le simple sommeil. Juste quelque chose qui lui permettrait de tenir jusqu’à l’échéance… Pourquoi ne l’avait-il pas fait avant ? Pourquoi avait-il si peur qu’on mette un nom sur la maladie qui le rongeait ? A cause des conséquences que cela impliquait ? A cause du pronostic bien sombre qui l’accompagnait ? A cause du rejet de ses pairs, du risque de leur transmettre ce même mal ? Ou peut être était-ce la honte, le dégoût de soi-même qui l’empêchait d’affronter la réalité. Au moins, il n’avait pas été surnommé le Perplexe pour rien…

La décision était prise, maintenant restait la force, la volonté de l’appliquer. C’est à ce moment qu’il vit arriver un cavalier solitaire jusqu’aux portes de sa demeure. Bizarre, il n’avait pas eu de contact avec l’extérieur depuis qu’il s’était replié dans sa « grotte ». De plus, il n’avait dit à personne où il allait, même si ce ne devait pas être difficile à trouver. Un nouveau château qui retrouve un propriétaire, ce la ne court pas les rues, et les vicomtés ne se distribuent pas encore comme des petits pains. La manière dont le cavalier chevauchait, son maintien, sa silhouette, tout cela titillaient l’esprit du Normand. Cinq minutes à peine après son arrivée, le cavalier reprit sa route alors que Riton faisait son entrée dans le bureau du Perplexe.

Messire. Un cavalier disant être un homme d’armes de la Licorne est venu vous remettre cette missive.

Un signe du destin ? Alors qu’il envisageait revenir à Ryes, c’était la Licorne qui faisait le premier pas. Il prit la lettre qui lui tendait son valet et examina le sceau qui la fermait. Non, il ne pouvait douter de sa provenance, la Licorne inscrite dans la cire authentifiait de son origine. Quelle affaire urgente pouvait appeler le Haut Conseil à envoyer pareille missive ? Il ne pouvait le deviner, d’ailleurs, cela ne servirait à rien. Autant ouvrir la lettre et mettre fin à cette interrogation plutôt que de se perdre en conjecture. Le scel fut rapidement brisé et il put prendre connaissance de son contenu. Une lettre courte et explicite, d’une main sûre et précise. Cela ne pouvait provenir que du Capitaine Rhuyzar… Première phrase et Nith sentit son cœur s’accélérer. Il se rassit, n’ayant plus la force ou la stabilité pour pouvoir maintenir son équilibre. Le Grand Maistre avait disparu. Quelques mots seulement, mais une grande émotion s’en dégageait. Un chef spirituel, un Frère, un ami, voilà ce qu’il venait de perdre, et il venait de l’apprendre d’une simple missive. Le remord le prit soudain : mais que faisait-il donc là, reclus dans sa solitude et sa souffrance ? Pourquoi ne faisait-il pas parti de l’escorte ou bien de l’équipe de recherche du Flamand ?
Seconde partie du message : des grands changements en perspective au cours d’une réunion extraordinaire. Son retour à Ryes s’avérait donc plus précipité et plus rapide que ce à quoi il s’attendait. Il se devait d’y participer, de faire parti de cette réunion qui s’annonçait oh combien importante. Tant pis pour ce que l’on pourrait dire sur lui, cela faisait bien longtemps qu’il ne prêtait plus attention à ce que les gens pouvaient penser de lui. C’était son devoir, c’était aussi son envie, il devait le dire. Il n’aurait pas dû partir ainsi… Trop tard pour les regrets, qui ne servent d’ailleurs à rien. La décision avait été prise, et la lecture en avait renforcé sa conviction tout en lui donnant la force d’agir. C’était une période difficile, et il fallait que tous soient présents pour prendre part à ce qui allait se passer. Il posa la lettre sur son bureau, et parla d’une voix claire plus claire qu’elle ne l’avait jamais été durant ce mois de réclusion, pleine de résolution :

Henri, je dois retourner à Ryes. Si tu pouvais préparer tout le nécessaire pour ce voyage, s’il te plait ?

Avec le temps, Nith avait appris à connaître son valet, et à apprécier son sens de l’humour acerbe et son efficacité dans tous les préparatifs et ses moindres détails. Ce dernier s’inclina avant de partir effectuer la tâche qui lui avait été confiée. Quant au Duc, il se dirigea d’un pas lent vers ses appartements, revêtir une tenue pour la circonstance. Son mantel à la Licorne cabrée était rangé dans une armoire. Une épée ornée du même animal était posée non loin, prenant elle aussi la poussière de ne pas être utilisée. Il s’apprêta, revêtant des vêtements marron foncé, si ce n’était la mantel d’azur. Des coups résonna à sa porte puis s’ouvrit, laissant passer la tête du valet :

Messire, tout est prêt pour votre départ.

Soit il était vraiment rapide, soit le Perplexe s’était encore perdu dans ses pensées, ne sentant pas le temps qui passait inexorablement. Bien, maintenant, il ne lui restait plus qu’à parcourir les lieux qui le séparaient de sa destination. Heureusement qu’il habitait en Normandie, tout proche de la forteresse…

[Forteresse de Ryes]

Le voyage fut rapide : une cinquantaine de kilomètres seulement séparaient Carentan de Ryes, ce qui lui permit d’arriver en seulement quelques heures, même en ménageant et sa monture, et sa propre personne. Ce mois sans rien faire ou presque, sans entrainement, sans réelle activité physique se faisait sentir sur le corps désormais frêle du Perplexe. Un vieillard avant l’heure… Il revenait vers sa demeure, vers sa famille, comme un enfant un peu turbulent et agressif ayant finalement réalisé combien sa conduite n’était que bêtise. Enfin, mieux valait tard que jamais. Il retrouvait ses habitudes, les remparts familiers, le donjon et ses tours, lieux d’observation et de surveillance des environs. Arrivé au corps de garde, il dévoila son nom et son grade, affichant les symboles de son rang. Rapidement, il put enfin prendre pied dans la bâtisse, et prit juste le temps de laisser sa monture aux bons soins des palefreniers avant de se rendre au lieu de rendez-vous : la salle du Chapitre.

Un silence religieux planait dans la salle alors qu’il faisait son entrée. Peu ou pas de décoration, l’instant devait être solennel et grave… Il remarqua sa bannière maintenant accrochée dans la pièce. Mais le méritait-il vraiment ? Il passa quelques instants à regarder les visages fermés de ses compagnons : évidement, la nouvelle avait été diffusée, apportant avec elle son lot de tristesse, d’incertitude, de colère aussi peut être. Il traversa rapidement l’espace qui le séparait du siège qu’il devait occuper, faisant son possible pour être le plus discret, mais comment rester invisible alors que l’on se devait de passer devant pratiquement tous les membres de l’assemblée ?

Après un léger moment d’inconfort, il s’assit finalement pour écouter attentivement les mots du Capitaine : clair et précis, triste aussi certes. La Licorne devait être réformée, et c’était le moyen le plus rapide pour le faire. Seulement, une pointe d’émotion tirailla le Perplexe : si l’on devait choisir aussi rapidement un nouveau Grand Maistre, c’est que les chances de retrouver Guillaume devaient être bien minces. Comment cela s’était-il passé ? Où et pourquoi ? Tellement de questions en tête, mais pas de réponses encore : pas de la bouche du Capitaine, et il n’était pas question de poser ces questions avant la fin de la réunion. Déjà, certains se levaient pour affirmer son choix. Comme le voulait la tradition, le nouveau Grand Maistre était élu par tous les membres de la Licorne, chacun avait dont le droit à la parole, son mot à dire dans ce choix si difficile mais si crucial. Mais le choix s’avérait rapidement fait : il ne restait plus qu’un seul membre des anciens chevaliers de la Licorne, représentant l’ancienne génération. Un seul qui avait l’expérience nécessaire pour mener à bien ce qui devait être fait, en dépit des doutes, en dépit des interrogations.

Il se leva et prit la parole :

Les temps sont difficiles et il nous faut un homme à la poigne de fer pour nous mener malgré l’adversité et les aléas que le destin nous impose.
C’est pourquoi je choisis, en mon âme et conscience, le Capitaine Rhuyzar pour nous guider dans cette épreuve.

Il n’avait ni la force, ni l’envie de rajouter autre chose. Il reprit sa place, attendant la décision de ses Frères…

Convocation de l'Ordre en la salle du chapitre. Chacune des dernières réunions en ces lieux avait été marquée d'un événement particulier. Et celle-ci promettait également de marquer les mémoires.
Disparition du Grand Maitre.
Ces quelques mots alignés avaient du en faire frémir plus d'un en la forteresse. Chuchotements. Regards interrogateurs. Expressions de surprise. Toutes les émotions pouvaient être visibles sur les visages de ses frères.
S'il avait pu les voir.

Pour l'heure, le cavalier avançait le long des couloirs, perdu dans le brouillard opacifiant toujours plus son esprit. Les murs autour de lui semblaient danser dantesque sarabande, l'emportant dans leurs mouvements, oscillants de dextre et de senestre.
Il avançait pourtant, porté par ses pas, se dirigeant instinctivement vers la salle du chapitre.
Regards croisés de frères, de sœurs, d'amis.
Visages à peine reconnus, parfois, comme sortant des ombres colorées noyant sa vision.
Visages, souvent, totalement déformés par sa perception troublée.

Qu'avait il fait de ses dernières heures.
Même le pavot ingurgité en quantités de plus en plus grandes, et à un rythme de plus en plus soutenu, ne lui permettait plus d'ouvrir les vannes de ses souvenirs.
Tout juste quelques bribes. Images furtives s'imprimant un instant dans son esprit, avant de disparaitre, rendues invisibles par l'opacité de sa mémoire.
Il était sorti hors la forteresse. Il se voyait chevauchant sa jument, s'enfonçant sur les chemins partant de Ryes. Nul signe distinctif qui aurait pu le faire reconnaitre. Point de cape ni d'attributs de membre de l'Ordre. Juste cavalier légèrement vêtu afin de tracer chemin au plus vite.

Ensuite. Une ville. Une rue passante. Un bouge miteux dont la crasseuse devanture laissait entrapercevoir, au travers de carrés de papier huilé remplaçant autant que possible carreaux de verre depuis longtemps brisés, l'intérieur d'une salle commune emplie de mines patibulaires et fort peu recommandables.

Il s'était dirigé à l'intérieur d'un pas assuré.
Un homme.

Les voici maintenant dans une arrière cour tout juste éclairée par les lumières de la bâtisse.
Altercation.
Une lame.
Un corps gisant au sol.
Un corps. Qui était cet homme.
Ou cela s'était il produit.
Était-ce au moins réalité ou hallucination. Passé récent ou lointains souvenirs de cette autre vie.

Des heures durant il avait essayé de se souvenir.
Arracher péniblement ces bribes de son cerveau torturé, aidé par quantité de cette herbe au si puissant pouvoir.
Et cette entaille sur son torse. Il la sentait encore, brulant sa chair. Plus qu'une estafilade, on aurait cru arabesque finement tracée sur sa peau. Quelle arme avait donc pu produire pareil effet.

Mais pour l'heure, autre chose prenait peu à peu place en son esprit, comme s'il lui avait fallu ce cheminement le long des passages de la forteresse pour prendre réellement conscience de ce qu'il avait lu. Le Grand Maitre avait été porté disparu. Incroyable nouvelle qui pouvait mettre à terre cet Ordre qu'aucun assaut, aucune traitrise n'avait réussi à vaincre. Faire s'écrouler ces murs si épais, si solides, telles murailles de Jéricho s'effondrant au son d'un puissant cors.

Quelques pas encore et bientôt l'imposante porte menant à la salle du chapitre se présenta à ses yeux.
Deux silhouettes émergeant de ce brouillard. Vêtues de noir, le visage dissimulé par le cheich, cape les entourant d'une aura mystérieuse.
Et ces yeux. Cette peau.
Serait ce encore traitrise de son esprit torturé. Ainsi même ici, même maintenant, il continuerait à lui jouer ses cruels tours.
Bouffée de rage et de colère l'envahissant, alors même que la cicatrice encore fraiche se ravivait, faisant affluer une vive et intense douleur.
La vision se troubla encore un instant, la main se posant sur le pommeau de son épée.
Les deux hommes semblaient l'avoir vu. Mouvement presque imperceptible de défense. Ces deux là étaient guerriers expérimentés, lions prêts à sauter sur leur proie, si tant est qu'elle se mettait en travers de leur chemin.

Il...ne...devait pas...
Résister.
Hallucinations. Ce ne pouvait être qu'hallucination. Il ne devait pas se laisser submerger par ses émotions.
Licorne. Ryès. Se souvenir de son serment. De sa vie.
Faire refluer la colère. L'Autre ne devait pas réussir à franchir les barrières érigées.
Ressentir la solennité des lieux. Puiser parmi les esprits des anciens qui avaient foulé ce sol la force de lutter contre Lui.

La chaleur refluait désormais. Ce vent chaud, symbole du désert coulant dans ses veines s'éloignait désormais.
Un pas. Un autre encore.
Laisser retomber sa main senestre le long de son corps.
Passer devant ces deux fantômes sortis de son esprit pour avancer.
Passer devant les rangs des licorneux.
S'arrêter là où les cavaliers prenaient place.
Signe de tête rapide. A quoi bon saluer plus avant, il ne parvenait encore à reconnaitre aucune des silhouettes assises.
Prendre place et, sans un mot, attendre. Se maitriser.

Lutter...

Invité

Un pigeon perdu en pleine cambrousse quelque part entre Thiers et Gueret et qui tombe d'épuisement presque sous le nez d'Erik, tandis qu'il donne des instructions pour que le déjeuner sur l'herbe de Sa Majesté et de la GMF se déroule au mieux... Incongruité de la situation... Le drame qui surgit de nulle part...

Un message apocalyptique venu de Ryes par cette voie aérienne:

Citation :: GM disparu-Stop-Reunion extraordinaire à Ryes-Stop-Urgence absolue-Stop-Coup au cul si absent-Stop

Evidemment, pas le temps de réfléchir... Déjà que ces heures à cheval finissent par abimer le cuir postérieur, si c'est Zalina qui applique la peine promise, ça va prendre encore des semaines à cicatriser... Demander la permission de s'échapper le temps qu'il faudra à la Princesse, elle comprendra... Galoper, galoper, galoper... Le GM... Disparition... S'empecher de rien penser ou de penser à quoi que ce soit... Le Mont qu'on aperçoit dans le lointain, qu'on laisse sur sa droite... Ryes ! Ryes ! Ryes ! Franchir le poste de garde sans presque s'arreter... Les freres sont déjà presque tous présents... Le vieux Capt'aine au centre de tous les regards, de toutes les attentions... Tout est donc vrai... Guillaume ! Guillaume ! Guillaume ! Vieux chenapan, notre maitre à tous, mon parrain, le sage parmi les sages... Faut-il donc que le Royaume aille si mal que tu t'y perdes aussi ? Le verbe de l'Homme debout... Des phrases insensées, trop pleines de sens... Prendre comme un coup au ventre le neuf et l'ancien, les mots et la rage dans cette voix, la colere et la passion, le desespoir et l'envie, le don de soi et les craintes... Vieux Rhuyz'... Chef du poste de garde qui m'accueilli deux années plus tot, en compagnie d'un Totox blagueur... N'en as-tu trop point vu, des Wanou, des Thierry, des Bralic, des Rassaln, des Deny... Aujourd'hui... Aujourd'hui : Guillaume !

Tes mots font mal, vieux Capitaine, tes mots font mal... Ils ont la sévérité de ce qui est si juste, ils sont la vérité de nos echecs, ils ont la force de ton regard affuté, il font mal aux trippes des licorneux, jeunes ou vieux, de cette génération dont tu parles, de la tienne, de la mienne aussi, un peu entre deux, trop entre deux...? Etre ce passage entre deux mondes, entre deux temps, entre deux ères de l'ordre... Tu sauras, vieux Rhuyz'... Oh, oui ! Tu sauras... Mais pourras-tu...?

Erik ne voit plus, ne sait, ne comprend plus qu'une seule chose, au mépris des règles habituelles de l'ordre, au mépris des statuts, plus le temps, vraiment plus le temps de prendre le temps... Un seul ordre, une seule foi, un seul cry, un seul maitre : Agir !

Sans plus y songer, imitant d'abord frere Psycho, le bourguignon sort sa lame de son fourreau, la lève vers le ciel, prononce sans la moindre hésitation dans la voix :

Capitaine ! Pour l'Ordre, pour le Royaume, pour le Roy ! Accepte mon épée ! Qu'en ce jour de tous les impossibles, il soit su que je te reconnais pour notre seul et unique Maitre ! Justice ! Honneur ! Bravoure !

Une fois exprimé, l'errant abaisse son arme vers le sol, pose lourdement un genou à terre tandis que la pointe de son épée se fiche entre deux dalles, les mains fermement accrochées au pommeau, et acheve son serment en abaissant le chef devant celui qu'il sait pouvoir reconnaitre comme leur Maitre sans sourciller, en signe d'obeissance et de reconnaissance... Ces mots auront-ils encore sens dans les mois à venir ?

L'Ordre...
Le Roy...
Le Royaume...

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