La forge

Sujet: Re: La forge Sam 13 Mar 2010 - 13:12

Elle est chez elle, ici à Ryes, mais il reste encore de nombreux lieux de l’immense forteresse dont elle est peu coutumière. La forge en est un et pas des moindres. Elle prendrait bien le temps de la découvrir mais pour l’instant elle est trop inquiète. Le temps qu’elle a mis pour venir des dortoirs lui a permis de laisser monter son inquiétude. De fil en aiguille, de suppositions en présomptions, elle a finit par se persuader que son épée était bonne à jeter ou, au mieux, à émousser pour la poser en salle d’entraînement.

Mais une épée pour un combattant, c’est comme un instrument pour un musicien, c’est unique. Ils finissent par laisser leur empreinte l’un sur l’autre. Le poids, l’équilibre, la longueur, la garde de sa bâtarde ont marqué les mains, les réflexes et chacun des muscles de l’Errante. Elle s’entraîne, bien sur, avec d’autres armes. En salle d’armes, en duel, elle utilise celles de la forteresse. Mais, le plus souvent possible, dans les champs autour de Ryes, en voyage ou chez elle, elle reprend celle qui l’accompagnera au combat. Le plus souvent possible mais pas ces dernières semaines… fatigue, négligence ou simplement … la pluie… elle avait renoncé aux entraînements extérieurs.

L’Homme d’Armes lui confirme ce qu’elle vient de constater mais, derrière elle, Semnos signale sa présence. Le sourire revient à la brune quand elle se retourne. Semnos lui a donné son premier cours d’escrime et quelques-uns encore après. Il l’a aidée à choisir son arme aussi. Quand elle est arrivée dans l’Ordre, Alethea n’avait qu’une connaissance très théorique des différentes lames et il lui avait fallu les conseils du Cavalier pour se décider.

Elle lui tend alors son épée, avec une moue embarrassée et lui répond :

Je suis là pour ça. Je… je l’ai laissée trop longtemps et …

Sujet: Re: La forge Jeu 18 Mar 2010 - 11:06

La chef ? Il avait du rater une étape quelque part, mais il sourit en tournant son regard vers Alethéa après avoir salué de la tête le jeune homme d'arme. Un potentiel futur écuyer, au moins il s'intéressait à ce qui se passait dans la forteresse.

Cette dernière tenait à la main le fourreau de son arme, dont la licorne différait un peu de celle apposée sur sa propre lame... plus personnelle.

Bonjour sœur, que puise je.....

Il n'eut pas le temps de finir qu'elle lui tendais la lame, le regard presque fuyant. Étrange de sa part ce manque de confiance, à moins qu'il ne se soit lourdement trompé sur ce qu'il avait vu de la jeune femme.

Prenant la lame, il leva un sourcil en entendant le ton de sa voix et sorti à demi la lame du fourreau pour en regarder le métal.

Quelques traces d'oxydation avaient prises place aux endroit où le métal avait subits de rayures ou des chocs, mais sans pour autant pénétrer trop avant semblait-il.
La lame lui avait toujours semblé un peu lourde pour la jeune femme lui faisant face, mais elle avait largement appris à s'en servir. Aujourd'hui, à force de manier le métal il ne voyait plus de problème à cet instant. La lame n'avait pas subit de choc qui aurait visiblement altéré la structure.

Grattant un peu de rouille du doigts il sourit. Ce n'était rien au premier coup d'œil.

Il savait ce que l'on ressentait si l'on était amené à perdre la lame qui symbolisait notre appartenant à la Licorne pour l'avoir expérimenté. il s'était forgé en même temps que la lame qu'il portait aujourd'hui.

Il remis la lame dans son fourreau.

Il semblerait qu'il n'y ai rien de bien grave, sinon un peu de couleur. Nosu allons voir ca. Dit il en désignant un établi dans la forge.

Puis se tournant vers l'homme d'arme avec un effort de mémoire pour se rappeler son nom.

Hum, Eragon, c'est bien cela ?
J'imagine que le bois n'est pas rentré seul, donc j'en déduis que vous devez être celui qui s'est porté volontaire pour m'assister ici même, non ?
Comme il acquiesçait.
Il faudra que l'on trouve un moment pour en discuter mais pour le moment... hum .. voyons. Il doit y avoir assez de bois pour le moment, sinon nous serons gêné. Ah oui, j'ai ramené hier quelques armes de la salle d'arme.
Dit il en montrant le râtelier ou ces dernières reposent un peu au petit bonheur.
Il faudrait les trier en fonction des réparations à faire, selon vous, ajoute-t-il en souriant légèrement, ne connaissant pas les connaissances de l'homme,et surtout savoir de quoi nous aurons besoin d'autre que du métal disponible ici.

Une petite pause pour être sur qu'il n'a pas de question particulière puis il se retourne vers la jeune femme qu'il dirige à l'intérieur avant de poser la lame sur l'établi.

(suite des que possible ^^)

Sujet: Re: La forge Dim 12 Sep 2010 - 20:30

Ahhh la forge ! Une histoire d'amour qui dure maintenant depuis de longues années... Lorsqu'il se sent mal, lorsqu'il ne va pas bien, lorsqu'il doit faire des choix, lorsqu'il doit prendre une décision difficile, ou tout simplement, lorsqu'il veut réfléchir efficacement, c'est à la Forge que Antonio se rend. Certes c'est à la forge construite à côté de sa maisonnette qu'il se rend, mais rien que le fait de voir une enclume le fait frissonné de plaisir et de bien être. A l'époque, il avait économisé des mois pour devenir artisan, et plus particulièrement forgeron.
Son choix avait été très vite fait, pas un instant il avait hésité pour choisir son échoppe. Une fois la somme d'écus conséquente réunie, et après les longs mois que sa construction avait prise, sa forge de Dijon fut très vite son lieu de culte. Il y avait forgé toute sorte d'objets, casques, épées, couteaux, et autres. Mais grâce à son savoir acquis au fur et à mesure qu'il forgeait, il put même se déplacer sur des chantiers tel que des ports.
Il était maintenant un expert dans son métier, et il comptait apporter son aide pour maintenir en bon état, et même si possible améliorer la Forteresse.

Au moment de visiter la grande Forge de la Forteresse de la Licorne, inutile de préciser que son excitation est à son comble... Et sa surprise fut à la hauteur de ses espérances, la "Forgeresse" - c'est ainsi qu'il appelait dorénavant, en hommage à sa taille - est sublime et à sa grande surprise... déserte...
Comment pouvait-on laisser une si belle forge sans la moindre activité ? N'y avait-il vraiment rien à forger, à réparer, où à améliorer dans la Forteresse ?
Il voulait obtenir des réponses à ses questions, et pour savoir si quelqu'un trainait dans les parages pour le renseigner, il dit à très haute voix.

Y a t-il quelqu'un ici ?!

Sujet: Re: La forge Lun 22 Nov 2010 - 16:50

[Retour de la mobilisation Maine/Alencon, passage avant l'intronisation.]

A peine avait il pris le temps de déposer ses affaires en arrivant à la forteresse qu'il avait déjà en tête de reprendre en main sa fonction au sein de l'ordre. Il était responsable des forges et il avait du délaisser ses obligations trop longtemps à cause des mouvements de l'ordre.
En pénétrant dans l'espace de l'atelier, il savait qu'il n'aurait pas le temps de travailler avant l'intronisation mais il voulait reprendre ses marques dans ce lieux qui ne sentait ni le sang ni la haine... contrairement à beaucoup d'autre visités récemment.

La poussière avait repris ses droits sur le lieu, en l'absence des frères. En effet les gens de la forteresse n'avaient pas eu besoin de grand chose qui ne se trouva dans les stocks et n'avaient du coup pas fait appel aux forgerons des environs.
Seul une trace près de l'entrée trahissait la venue, deja presque effacée, de quelqu'un. peut être une demande mais à priori rien de plus car les traces s’arrêtaient non loin de l'entrée.

Un rapide examen lui indiqua que le travail qu'il avait entrepris peu avant de partir restait tout aussi imposant. Un léger soupire et un fin sourire lui échappèrent pendant que ses doigts courraient machinalement sur le métal froid d'une enclume.
Se reprenant, il décida de faire un brin de ménage avant de pouvoir relancer le feu... cela prendrait du temps après une telle absence.

Ainsi ce n'est qu'à la toute dernière minute qu'il quitta l'atelier débarrassé d'une grande partie de sa poussière pour aller se préparer à assister aux nouvelles intronisations.

Il lui faudrait se renseigner sur le visiteur mystérieux mais cela viendrait plus tard.

Sujet: Re: La forge Jeu 9 Jan 2014 - 20:39

Il y a quelqu'un ?

Il ne lui semblait pas mais autant demander. Tout était disposé proprement mais le lieu paraissait déserté. Elle se souvenait que Guillaume lui avait parlé d'un maistre forgeron du nom de Semnos mais l'écuyer ne l'avait pas encore croisé depuis son entrée dans l'Ordre. N'y avait-il toutefois pas maints visages encore inconnu d'elle ? Une guerre et la disparition d'un parrain n'aidait pas toujours à arranger les choses. Quoique la première aurait pu. Cela étant dit, il lui avait semblé régner une certaine morosité durant la campagne. Elle-même avait eu l'esprit ailleurs avec cette grossesse encombrante dont elle était aujourd'hui délivrée. Un hoir pour la Louveterie. Vigoureux et plein de promesses. Elle était satisfaite.

Ce n'était pas l'heure de changer les langes d'un marmot mais d'ajuster les fers d'Eminence. L'usure était notable après le voyage jusqu'à la Normandie. Les pieds de Carnage étaient en ordre, elle y avait veillé avant le départ. Ceux du jeune destrier pouvait encore tenir, avait-elle jugé.

Tout à l'étude de l'agencement de la forge qu'elle n'avait pas encore visité lors de ses précédents séjours, Ellesya posa ses deux rouleaux de cuir. Le premier contenait ses propres outils, du moins ceux qui l'accompagnaient parfois sur la route depuis qu'elle avait renoué avec ce premier amour qu'était le travail du métal, ainsi que des fers. Le second fut déroulé d'un geste et se révélait être un épais tablier et des gants.

Bon...

Le foyer était éteint. Du bois était encore amassé. Il lui faudrait aller chercher de l'eau. Mais pouvait-elle seulement se taper l'incruste dans l'atelier certainement sous la tutelle de l'un ou l'autre frère de la Licorne ? En fait, ses hésitations, doutes et ignorances étaient encore nombreux sur le fonctionnement de la forteresse mais elle ne voyait pas vers qui se tourner pour la guider. Cela l'avait retenu calfeutrée dans la salle du héraut par le passé. Mais baste. En cette nouvelle année, elle n'avait pas renoncé aux caducées pour se tourner les pouces à Ryes, au contraire. Si quelque chose n'allait pas, nul doute qu'on lui dirait.
Un sourire aux lèvres, elle se débarrassa de ses interrogations et empoigna deux seaux à remplir au puits. C'est que son cheval avait besoin de ses fers, pas des états d'âme.

Sujet: Re: La forge Sam 11 Jan 2014 - 17:02

Hey oh, hey oh, on rentre du boulot...

Les paroles des chants et des sifflements du loup raisonnaient dans les couloirs de Ryes qui menaient jusqu'à la forge. Les vêtements crottés et la sueur sur le visage de Shiska se faisaient les témoins d'une grosse séance d'entrainement dument terminée. L'âge n'allait que dans un sens comme on lui avait dit un jour et le chevalier errant avait appris au fil des blessures que cet adage était souvent dure avec ceux qui ne le prenaient pas au sérieux. Aussi s'entrainait t il régulièrement et avec assiduité afin de garder un corps et des techniques affutés pour le combat.

L'entrainement du jour avait été intense et le militaire n'avait pas fait la fine lame face aux mannequins d'entrainement. A tel point que les équipements usés dont il se servait pour ses entrainements avaient fini par céder. Et c'est sur l'épaule droite emmitouflé dans une lanière de cuir qu'il transportait la lame cassée par les coups répétés. Le froid qui avait pris possession des landes normandes autour de la forteresse n'était surement par étranger non plus à cet état de fait. Toujours est il qu'il se dirigeait donc tranquillement vers la forge des lieux pour réparer l'arme dans les fours souvent froids.

La tête ailleurs encore surement embrumée par la fatigue, l'homme traversa la salle vers l'un des foyers de la forge sans s'attendre un seul instant à y croiser qui que ce soit. Ce n'est qu'après avoir ôté sa chemise crasseuse et tiré quelques coups de soufflet que le message arriva à son cerveau: il n'était pas seul.

Un haussement de sourcil et un tour de tête au ralenti et il se retrouva nez à nez avec une jeune femme qui portait deux sceaux d'eau. Le fait qu'il était torse à l'air, peu présentable et dans une position totalement ridicule ne semblait pas arriver a passer la porte de ses neuronnes tout de suite.

Heu... bonjour..? J'vous ai pas pris votre foyer dites?

Sujet: Re: La forge Dim 12 Jan 2014 - 15:15

Surprise de prime abord par l'arrivée inattendue alors qu'elle revenait juste du puits avec son double fardeau, Sya avait ensuite gardé le silence pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la scène qui se jouait sous ses yeux était passablement amusante. Instructive également dans une certaine mesure puisqu'il n'était pas fréquent de pouvoir étudier l'attitude des uns et des autres délivrés du regard d'autrui. Ensuite, elle ne tenait pas trop à le faire sursauter en ayant l'air d'apparaître d'un coup. Un sursaut, un coude qui heurte une table, une tenaille ou un marteau qui tombe et c'est le drame assuré. Un orteil cassé, ce n'est jamais gai.

Heureusement, Shiska perçut assez vite sa présence, ce qui la tira d'un embarras naissant. Gêne nullement née de l'activité ou de la tenue de l'Errant. Si sa vie sentimentale (et pire ou plus, c'est selon) avait durant des années eu un électrocardiogramme plat, elle n'en avait pas moins grandi entourée de Fléaux, d'hommes d'armes sans pudeur et sans pitié à la solde de son tuteur. Ce n'était donc pas un torse dévoilé qui la ferait se pâmer ou simplement sourciller. Plutôt qu'il se rende compte tardivement de sa présence et qu'il imagine qu'elle se rinçait l'oeil.
Tout cela n'ayant pas eu lieu, le « chippendale » du jour eut droit tout d'abord à un franc sourire d'une louve. Pas la sienne, certes. Celle de la Louveterie.

Je vous retournerais bien la question, frère.

Si il n'avait pas trop l'air de la situer sur le moment, elle, elle savait bien qui il était pour l'avoir tout d'abord vu sur le banc des errants lors de son intronisation au printemps dernier lorsqu'après le serment, elle étudia la compositon de l'assistance. Elle avait aussi entendu plus d'une fois ses avis en salle du chapitre, s'était intéressée à ceux qui usaient de surnoms similaires à ceux de sa Maison et qui, en sus, étaient dorénavant maîtres de Corbeil, fief qu'avait tenu sa défunte tante, Numalane de la Louveterie et son époux... le Wulfen. Histoires lupines qui l'avaient intriguée, il fallait bien l'avouer. Même si tout cela ne relevait certainement que de hasards.
Elle vida les deux seaux dans le baquet d'eau avoisinant une enclume, puis les remit dans un coin.
Ce faisant, elle s'expliqua.

J'avoue ne pas savoir qui tient la forge. Guillaume m'avait parlé d'un certain Semnos mais je ne l'ai pas encore rencontré. Je ne voudrais pas empiéter sur le domaine de qui que ce soit.
En fait, l'une de mes montures a besoin de nouveaux fers. Je venais les adapter. Rien de très pressant.

Et vous ? Un entrainement clôturé sur de la casse ?

A sa mise et à ce qu'il avait apporté, c'était la conclusion à laquelle elle était parvenue quelques instants plus tôt.
Elle passa son tablier de cuir et remonta les manches de sa chainse débarrassée de son pourpoint d'hiver.

Sujet: Re: La forge Dim 12 Jan 2014 - 17:39

A mesure que les braises chauffaient reprenaient vie sous les coups de la soufflerie activée de manière automatique par le loup; le corps et les neurones de ce dernier retombaient en température.

La question?

A mesure qu'il essayait de suivre le cheminement de la conversation qui l'avait amené jusque là et de faire le point, le Loup dévisageait la jeune femme. Il n'est pas si rare de voir de nouvelles têtes au sein de la forteresse et donc l'Errant n'était pas plus étonné que cela de trouver des gens qui ne lui reviennent pas parcourir les couloirs le nez en l'air. Ce qui était étonnant dans le cas actuel c'est que pour le coup il avait l'intime conviction de connaitre cette personne sans pour autant arriver à mettre le doigt dessus. La fatigue n'aidait pas vraiment à cet état de fait, ou alors étais ce l'âge? Naaaan! Toujours est il que la jeune femme semblait avoir le port et l'allocution de bonne famille, sans pour autant sembler rebutée par les tâches manuelles. Bonne famille donc.

Toujours est il que connu ou inconnu il ne s’attendait pas vraiment à trouver quelqu'un icelieu à cette heure.

Oh non vous ne m'avez rien pris... j'ai mes p'tites habitudes c'est tout.

Tout en écoutant son interlocutrice l'interloquer il en profita pour revêtir nonchalamment la chemise dont il s'était délesté peu auparavant histoire de ne pas perdre la face trop longtemps. Bon d'accord elle était sale, mouillée et quelque peu odorante mais bon cela valait tout de même mieux que rien et il n'avait rien de mieux sous la main.Bon si il avait des lames de cuir et des bouts de lame de fer mais allez vous faire des vêtements avec ça vous... tout le monde a pas du sang écossais pour arriver à fabriquer n'importe quoi avec un bout de métal et de la corde.

Oh vous savez comme tout nos frères il ne passe pas tout son temps au sein de la forteresse.
A partir du moment où vous prenez soin du matériel et que vous le nettoyez vous pouvez vous en servir à votre guise.

Les phrases se faisaient de plus en plus longues et le feu commençait à percer sous la cendre.

Ouai, un peu de casses cette fois-ci... un mauvais choc et pouf, un bout qui part.
Y'a un p'tit rat des champs qu'a eu chaud aux moustaches.

Bah de toute façon ça faisait quelques temps que la lame fatiguait.
Faudrait que je refasses faire le rembourrage des mannequins aussi mais c'est pas forcément la meilleure saison.

Pour ce qui est des chevaux je laisses ça à d'autres, c'est pas vraiment mon verre de prune.
C'est lequel votre canasson?

Sujet: Re: La forge Lun 13 Jan 2014 - 21:29

L'entrainement avait du être éprouvant, songea l'écuyer en voyant l'errant avoir l'air de rassembler ses idées en la dévisageant. Le bac de trempage était réapprovisionné en eau. Sya se tourna alors vers le bois pour nourrir le feu renaissant, n'aimant pas rester les bras ballants alors qu'il y avait de l'ouvrage.
Le retour de la chemise à sa place initiale ne lui échappa évidemment pas. Son regard se plissa d'un sourire.

Aux quelques mots d'explication sur l'usage des lieux, elle opina du chef.

Je vous remercie pour ces indications. J'avoue que je ne voyais pas trop qui ennuyer pour ce genre de … détails pratiques. Me voilà renseignée.

D'un pas tranquille, l'ambacienne fouina un peu, repérant l'outillage alors que sa voix reprit le fil de ses pensées.

Celui qui a besoin de fers neufs, c'est Éminence. Un jeune destrier de Frise qui m'a été offert récemment. Trop jeune et ombrageux pour partir en campagne. Il faut que l'on fasse mieux connaissance et que je le prépare. Je suis venue ici pour cela entre autres. Chez moi, je suis sans cesse appelée à diverses occupations.

Mon compagnon habituel des champs clos et de bataille est Carnage. Un leg... Il est aussi aux écuries.

En songeant où puissant mais paisible frison, fils de Sturm, sa pensée vogua vers celui qui avait été un père pour elle et lui avait légué le poulain débourré, ainsi que vers son enfance révolue, bien loin des mondanités françaises. Émergeant, une petite moue d'excuse passa sur ses traits.

Vous avez vos habitudes, comme vous le disiez. Mais si vous voulez, je peux sans peine vous seconder. J'en appris auprès d'un bon maistre forgeron, chevalier de son état. Avec la perte de son bras, il ne lui était plus possible d'oeuvrer sans assistance. Enfin... pas que je vous prenne pour un manchot!

Il n'était pas le seul à s'être attendu à ne trouver personne à la forge. Et maintenant, c'était elle qui ne savait plus trop où se mettre. D'où la proposition d'aide d'ailleurs.
La chaleur du foyer ranimé repoussait hors des murs la fraîcheur hivernale, instillant inconsciemment une sensation de bien-être un peu surannée, telle une madeleine de Proust.

Les fers d'Eminence peuvent attendre. Je comptais qu'il faudrait un certain temps pour ranimer la forge et prendre mes marques, de toute façon.

Sujet: Re: La forge Lun 13 Jan 2014 - 22:24

Oh voyez vous cela... alors si votre Eminence veux bien attendre...

Petit sourire en coin qui se dessine sur les babines du loup. Quoi ça fait légèrement foutage de gueule? Oh ça va on peut bien plaisanter un peu que diable... et puis c'était pas une perche c'était une bombarde chargée pointée sur un camp breton endormis. La seule chose à faire c'est allumer la mèche et prier pour que le tout vous explose pas à la gueule.

Le maitre loup se redressa et fit craquer son dos alors qu'il commençait à désosser le cadavre de la lame d'entrainement.

Et bien pour ma part j'ai appris auprès de personne! Autant vous dire que la forge est pas forcément mon meilleur cursus.

Moi mon truc c'est pas de fabriquer les armes, c'est de m'en servir.

Après quand vous vous retrouvez obligé de faire avec les moyens du bord vous apprenez vite à vous débrouiller...

Attrapant un marteau et une petite étampe, il laissa le feu quelques instants pour l'enclume la plus proche. Y disposant le manche de la lame il vint appliquer de petits coups de ses outils afin de faire sauter le pommeau. Puis par deux coups secs et précis vint faire sauter les joins qui liaient encore la poignée en bois et la lame fatiguée. Le tout n'était pas de première solidité il va sans dire mais il en était ainsi des lames dont on se servait pour les entrainements. Le but ici n'était pas tant dans la solidité de l'ensemble mais plutôt dans la facilité à pouvoir désassembler le tout pour réparation.

Se retournant vers la jeune femme le Loup lui fit un grand sourire, découvrant par la même sa dentition d'une qualité irréprochable pour l'époque. Comme dirait l'autre "les chicots c'est sacré: celui qui me fera bouffer de la soupe il est pas né".

Montrez moi donc ce que vous avez appris que j'apprenne à mon tour.
Je suis de nature curieuse.

Le tout était d'une vérité criante: Shiska n'était pas forgeron et n'avait jamais appris l'art de la forge. Ses mains habiles l'avait d'abord prédestiné à la couture par laquelle il s'était distingué pour la minutie de son travail, comme quoi rien à voir. Ses déboires l'avaient par la suite amené à utiliser ses doigts pour manipuler les armes et il s'était retrouvé tout aussi doué dans cet exercice voir plus. Mais autant les greffiers sont des as dans l'utilisation du parchemin autant il en est peu qui sont capable de faire leur propre matériel

Bon il connaissait deux trois trucs évidemment par la force des choses mais rien d'autre que de l'autodidacte. Aussi n'allait il pas passer à côté de l'occasion.

Et bien évidemment cela n'a absolument rien à voir avec le fait qu'il soit fatigué et qu'il meurt d’envie de voir comment la petite jeune se débrouille. AUCUN LIEN. CECI N'EST PAS UN EXERCICE.

Sujet: Re: La forge Mar 14 Jan 2014 - 21:32

Shiska eut droit pour toute réponse à un demi-sourire accompagné d’un éclat malicieux dans les yeux gris de la jeune femme. Elle s’en tint là puisqu’il enchaînait après un craquement vertébral digne d’un ancêtre - gniark gniark -.
Durant un instant, son attention fut totale portée sur les gestes nets portés sur les reliques de l’arme d’entraînement. Elle l’avait écouté avec intérêt dans le même temps, avide d’en savoir plus sur lui comme sur beaucoup d’autres licorneux. L’inaction lui pesant, toujours une oreille dédiée à l’Errant, elle reprit le flambeau près du foyer. La température devait monter pour qu’ils puissent restaurer la lame.

Une foule de questions dut être retenue puisque son temps de parole n’était pas encore venu. Et fut ensuite occultée par l’éclatant sourire qu’il lui asséna. A la seconde même, elle pressentît un coup fourré. Qui en tarda guère.
Habituée à œuvrer seule, elle ne tenait pas tellement à pratiquer sous l’attention d’un aîné dont elle doutait de la véracité de l’aveu de compétence limitée. En plus, dans la foulée, l’air de rien, il lui refourguait l’ouvrage. Elle n’aurait pas rechigné… si elle avait alors pu bosser tranquillement, avec l’aide d’un meschin quelconque.

Nature malicieuse aussi, n’est-ce pas ?

La question fut ponctuée d’un sourire qui n’avait rien à envier à celui auquel elle avait eu droit peu avant.

Si vous alliez la réparer, je doute de vous apprendre quoique ce soit. Je suis loin de passer maistre de forge. Mais de toute manière, c’est plus facile à deux pour les manipulations, tenir et marteler.

Elle prit les deux morceaux délivrés de leurs accessoires et les accola un instant en les inspectant. Les déposa sur l’enclume et s’intéressa à l’haleine brûlante du foyer tout en enroulant ses cheveux tressés avant de les emprisonner dans un grand carré d’étoffe aux nuances de gris tiré d’une poche de son tablier.

De son apprentissage de parfaite héritière, il était possible d'en dire beaucoup vu son parcours atypique. Une chose était sûre, l’épouse de Bernhardt avait bien tenté de lui apprendre à couder, chanter… Mais tout ce qu’elle en avait retenu, c’était de quoi justement « se débrouiller », comme avait dit Shiska. Réparer doublet ou braies quand la mobilisation en rase campagne ne lui mettait pas de couturière à portée de main. Et sans don pour la musique, s’amuser de chants paillards qui feraient pousser des hauts cris à Son Illustre Marraine ou à son cadet auquel elle n’adressait plus la parole de toute manière. C’est que si l’attitude de la première ne décourageait pas la Louve, l’ingrat martyr qu’était devenu le dernier-né de la portée avait fini par user sa patience. Elle apprenait donc à savourer la forteresse de Ryes où les seuls êtres dont elle fut du même sang n’étaient plus que des fantômes, incapables dès lors à lui prendre la tête, de se reposer sans cesse sur elle et de la faire passer pour un chef de famille tyrannique.

Et hormis ferrailler, en quoi excellez-vous ? Ou que vous a-t-on enseigné ?

Entre les lignes… c’est quoi votre parcours à vous ?

Elle se détourna pour préparer le travail. Une brosse nettoya rudement les morceaux de lame, puis la jeune femme les fourra partiellement dans les braises et se mit à activer le soufflet, en gardant un oeil sur la couleur que prenait le métal livré à la fournaise.

Sujet: Re: La forge Mer 15 Jan 2014 - 19:45

Queouwa?? Comment? Qu'est ce que j'apprends?? De nature malicieuse vraiment? Naaaaa! C'est pas le genre de la maison... Bon si c'est le genre de la maison. Un reliquat du passé parfois légèrement peu glorieux du père Rouben. Faut parfois savoir ruser pour trouver quelque chose qui nous est inaccessible autrement. Les proies de chasse du Loup et sa meute peuvent en témoigner.
Petit grognement de la part du Loup.

Malicieuse dites vous? Pourquoi donc? Si vous avez pris cours auprès d'un spécialiste ça me paraissait tout naturel de vous laisser exposer vos talents en la matière...

Et aider les anciens hein c'est pour les chienchiens? Les loups ça a droit qu'aux fourches et aux torches? Les malheureux démunis devant les affres du temps? Au dos rossé par les âges et au corps harassé par l'effort? Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie. N’ai je donc tant vécu que pour cette infamie? Et ne suis je blanchi par mes travaux guerriers que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers? Mon bras qu'avec finesse toutes les femmes admirent, mon bras qui tant de fois a sauvé cet empire! Tant de fois raffermis le trône de son roi. Trahis donc ma querelle et ne fait rien pour moi... Spèce d'enflure... Oh et puis non merde on verra plus tard pour le cours de tragédie...

Bon d'accord j'vais vous donner un coup de main...

Le Loup jeta un coup d'oeil en coin à la jeune femme qui tressait sa chevelure dans l'espoir d'un dernier retournement de situation, mais en vain. Le tressage de cheveux... décidément ça le suivait ça. Il ramassa les morceaux du manche de la lame tout en la suivant.

Quand vous dite ferrailler j'imagine que vous ne faites pas allusion à la guerre?

Pour ce qui est de l'enseignement hélas je me permets à nouveau de vous décevoir. Je suis comme qui dirait un éternel autodidacte. Avec les avantages et les inconvénients que cela engendre. Et comme je considère que l'excellence n'existe pas... mais bon je ne vais pas pinailler plus avant.

Je suis plutôt doué en maniement des armes et en stratégie. Militaire ou sportive du reste. Et je ne suis pas non plus maladroit de mes dix doigts... Après pour le reste et bien j'essaye de faire bonne figure avec les moyens qui sont les miens.

Et vous même dites moi? Je ne crois pas que nous ayons eu le loisir de faire connaissance.

Oui aujourd'hui le loup était à la tête d'une famille noble qui ne manque ni de moyens ni d'éducation. Mais c'était bel et bien le premier maillon de cette chaine noble de la famille Rouben. Pour sa part il avait du faire avec les moyens du bord et le peu qu'il avait en arrivant dans le royaume de France de l'Est lointain. Tout travail était bon à prendre, surtout ceux requérant de petites mains agiles et discrètes. Autant dire que ce n'était pas une partie de sa vie qu'il tendait à hurler sur les toits. Malgré tout cela lui avait permis de comprendre le monde et de grandir par lui même. Le temps et l'expérience avait fait le reste et il était maintenant un noble et un militaire aguerri.

Seule la gent équestre tendait toujours irrémédiablement à lui résister. Ce qui impliquait que malgré son status il ne mettait jamais les pieds dans une joute. Ca et l'eau...

Sujet: Re: La forge Jeu 16 Jan 2014 - 21:11

Le grondement n'effaroucha pas Ellesya bien qu'elle ne put s'empêcher de se demander jusqu'où elle pouvait aller. N'ayant rien d'un petit chaperon rouge, elle avait l'habitude des grands méchants loups. Ceux qu'elle avait connu ne tenaient nullement des agneaux et si ils avaient été honorables et protecteurs envers leur famille, l'humour, parfois pince-sans-rire, avait toujours fait partie du package fourni par le Très Haut. Question longévité, c'était autre chose, sinon elle n'aurait pas passé ses premières années de femme à porter le deuil, inhumant l'un après l'autre ses prédecesseurs et même son frère Rehaël. Quoique lui tenait plus du taureau...
Le terme « talent » lui fit tout de même froncer le museau pour ce qu'il lui semblait exagéré. La mimique n'en resta pas moins éphémère et inconsciente.

Une impression de prime abord. Et c'est loin d'être une insulte.
Enfin... c'est gentil de me prêter votre bras pour réparer votre lame.

Son visage trahit un sourire qu'elle réprimait malgré tout en se mordant l'intérieur d'une joue. En fait, tout en songeant à ce qu'il convenait de faire, elle se rendait compte qu'elle appréciait la compagnie, toute solitaire qu'elle fût habituellement.

Quand je parlais de ferrailler, c'était dans le sens de batailler, tirer la lame de son feurre et en faire bon usage.

La présente allumelle rougissait dans le ventre ardent de la forge. Un rouge éclatant mais virant déjà à l'orange lumineux. Magie du métal s'assouplissant, irradiant de lumière sous les caresses du feu. C'était un spectacle que la louve ambacienne adorait observer. Son regard accroché aux vives lueurs, son écoute n'en restait pas moins assidue à capter ce que Shiska lui contait.
Sans trop réfléchir, elle répondit.

A nouveau me décevoir ? Nullement. C'est une façon de parler, j'imagine.

Devoir tout apprendre sans guide peut s'avérer être une gageure.

Je n'ai pas eu à me frotter à ces difficultés. Plutôt de celles des pauvres petits héritiers, blindés de titres, pour lesquels toutes les portes s'ouvrent ou presque alors que le lait nous sort encore du nez quand on nous le presse. PArce que : « Bon sang ne sait mentir ! ». Ad nauseam.
En échange, pas de parents -trop pris par le Royaume-, des courtisans intéressés uniquement par le nom et l'héritage -qui sans jamais vous avoir vu déclare vouloir vous épouser... -, des morts, des disparus à la pelle que tout le monde croit connaître mieux que vous. Avec raison, souvent. Etc.

D'une pique, elle fourrageait dans les braises. La couleur de l'acier était presque bonne. Elle émergea de ses pensées, de l'attirance hypnotique du feu. N'était-ce pas ainsi que son défunt frère s'était brûlé une main ?

En fait, il état de coutume dans ma famille, du vivant de ma mère devrais-je plutôt dire, de confier les enfants à des chevaliers amis pour entamer leur apprentissage comme page, puis comme écuyer. Donc à 6 ans, j'ai été envoyée hors de France auprès du Cardinal Connetable Kreuz de Castelnou.
J'ai bénéficié de maints enseignements, pas tous très … orthodoxes d'ailleurs. Il me destinait aux Saintes Armées – que j'ai intégré un temps -, dont les besognes ne sont pas toujours des plus lumineuses de sainteté. Donc j'ai un bagage acceptable dans le maniement des armes, mais également dans le Dogme et le Droit Canon que j'ai enseigné dans un séminaire alors que je songeais à me faire ordonner. Il y a aussi les arts héraldiques. Passion familiale et nécessité quand on gère une Maison.

Cela dit, je ne vise pas l'excellence, pour reprendre votre terme. Ce serait d'un décourageant !
Mais j'apprécie d'apprendre. Si j'ai quelques cordes à mon arc, la stratégie n'en fait pas partie, par exemple. Kreuz est mort avant de me transmettre certains pans de son savoir. Et ça m'intéresse infiniment plus que la tapisserie.

Des étincelles menaçaient de gâcher le métal, avec une pince, elle retira vers le bord le plus petit tronçon, puis l'autre.

Les pièces à unir tirent vers le jaune. Il est temps de les travailler.
Je propose que nous fassions se chevaucher un peu les bords des deux morceaux. Si vous tenez l'un des deux, je tiens l'autre et martèle pour les réunir, les fondre l'un dans l'autre. C'est surtout pour cette étape qu'il est plus qu'utile d'être à deux. Ensuite, le travail revient à retravailler la lame pour lui rendre sa ligne initial, puis en affiner le fil. Je ne sais pas quelle longévité aura le résultat. J'ai plutôt appris à forger de nouvelles pièces.

Comment comptiez-vous procéder ?

Tout en parlant, à croire que Ryes la rendait loquace lorsqu'elle avait l'occasion d'ouvrir la bouche, elle tendit la grosse pince à Shiska, empoigna la partie sombre du plus long morceau de la lame et, de sa dextre, attrapa un marteau qu'elle avait repéré plus tôt. Elle positionna le métal sur l'enclume.

Sujet: Re: La forge Ven 17 Jan 2014 - 8:55

ah ben pour le coup c'est pas la mienne de lame c'est une de celles de Ryes...

La difficulté des héritiers... oui il en avait vaguement entendu parler. Quand on nait avec des couverts en argent ou en or dans la bouche c'est pas toujours facile tous les jours. Déjà faut pas s'étouffer avec les dits couverts hein, ça doit pas être bien pratique quand même. Il n'est pas toujours facile de combler les attentes de la société ou même de ne pas perdre le sens des réalités. Car oui la réalité de ces gens là est bien différente de la réalité des autres. Alors parfois elle ne change jamais: ils restent des privilégiés à qui ont dit oui à tout. Parfois c'est l'inverse, on les éduque dans de strictes mesures car on a décidé que c'était comme ça. Pas étonnant que certaines générations soient fêlées du bocal. Ils ont du tirer trop fort pour enlever la cuillère en or...

Obnubilée par le feu qui rongeait le métal, la jeune femme semblait résolue à exposer sa vie. Pour sa part c'était hop, chez les saints! On va te faire apprendre par cœur le dogme pour que tu puisse répandre la lumière d'Aristote sur le monde. Et puis si tu pouvait cramer deux trois hérétiques ou les passer par le fer au passage ça ferait pas de mal. Oh le Shiska n'était pas un non croyant loin de là. Il était baptisé et passait de manière plus ou moins régulière se recueillir à la chapelle. Par contre il avait toujours eu une sainte répulsion pour ces gens qui pensaient savoir tout sur tout et qui imposaient leur propre manière de voir les choses à d'autres, quelque soit la manière. Pour sa part il préférait vivre sa foi comme il l'entendait sans faire cas des ordres de la curia ou de Romes.

Les saintes armées hmm... En effet elles n'ont pas une réputation très... sainte. J'espère que cela ne vous a pas porté préjudice.

Quand à l'aspect héraldique pour gérer une maison... Ouai ben quand on veux déléguer on peut comme qui dirait. Et lui il pouvait! Non pas que l'aspect le répugne mais il n'avait pas la patience et la ferveur pour faire le même travail que des spécialistes en la matière. Autant laisser faire les plus passionnés dans leur domaine. Et puis on a beau dire mais quand on est noble il n'y a pas de sujet qu'on ne peut déléguer aux autres. Ca aussi il l'avait appris au fil du temps.

Le fer mis au rouge commençait à se tordre gentiment dans le feu. C'est alors que la jeune femme interrompit son déballage et l'interloqua sur la marche à suivre. A priori elle avait déjà sa petite idée sur la manière à suivre.

Procéder? Bah simplement ramollir le fer et le frapper assez longtemps pour qu'il se refixe à l'autre bout. Ensuite la partie finissions histoire de refaire la forme initiale et affiner la lame pour qu'elle retrouve du tranchant. Rien de bien folichon en somme.

Shiska suivi donc la jeune femme puis attrapa une tenaille près de la fournaise. Il alla récupérer le bout de lame le plus court afin de le déposer en décalé sur son vis à vis.

Vous êtes donc matrone de votre maison? Vous me paressez pourtant plutôt jeune...

Sujet: Re: La forge Ven 17 Jan 2014 - 17:44

Il ne lui avait pas échappé qu'il s'agissait d'une arme de Ryes malgré la tournure de phrase dont elle avait usé. Mais de toute manière, personnelle ou non, cela n'aurait pas changé grand chose dans le déroulement des événements, de son point de vue.
Un léger rire accueillit son propos sur les Saintes Armées.

Je n'ai pas de regret et cela ne m'a pas causé de tort hormis une perte de temps. J'ai fait une croix définitive dessus à cause d'une rencontre, non point parce que ma foi s'est amoindrie. Je suis fidèle au Dogme mais je n'applique plus le Droit Canon à la lettre quand il s'agit des convictions des autres.

Puisqu'ils étaient d'accord sur la marche à suivre, le marteau frappa. Le travail débuta, nécessitant l'attention des deux forgerons du jour. Sya s'offrit un peu de temps pour réfléchir. C'est que le terme « matrone » l'avait laissée sans voix tant cela lui faisait penser à la bonne vieille Guillemine qui tenait Amboise au nom de sa duchesse.
L'écuyer reprit, par dessus le bruit du métal guidé rudement, avec une certaine gaieté dans la voix.

J'espère bien attendre encore une vingtaine d'années avant qu'on ne me ressorte cette appellation !

Je dirige la Louveterie suite à la mort de mes parents puisque je suis issue de la branche aisnée. Cela fait 5 ans maintenant. J'ai enterré beaucoup de monde à cette époque.
Plusieurs tutelles féodales me sont échues aussi notamment. Je n'avais plus le temps pour rien faire.
Maintenant, je le prend. D'où ma présence en ces murs d'ailleurs et le fait que votre virée paisible dans cette forge se soit transformée en noyade en règle dans mon babillage.

Une touche de malice ponctua sa remarque.
Quant à l'épée, elle retrouvait progressivement son unité.

Vous êtes depuis longtemps à la Licorne ? Comment y avez-vous été mené ?

Sujet: Re: La forge Ven 17 Jan 2014 - 20:07

Rassure vous, avec tous les loupiots de la meute Rouben j'ai l'habitude des babillages. Si y'a bien un endroit où je sais nager c'est là dedans...

Pour le reste c'est beaucoup moins vrai évidemment mais la question n'est pas là... De toute façon il y avait peu de chance qu'un déluge s'abatte sur la forteresse et oblige au Loup à montrer son non talent à la nage. Au pire il pourrait toujours se servir des manequins d'entrainement rembourré s comme flotteurs. En tout les cas c'était ce qu'il se disait lorsque le tonnerre grondait dehors.

Maintenant la tenaille pour que le fer ne bouge pas, il en profitait pour récupérer tranquillement de son entrainement de la journée.

Longtemps... oh vous savez y'a pas plus relatif que le temps!

Disons que j'y suis depuis un certain temps mais que j'y suis arrivé plutôt tard.

Cela doit faire... oh plus de trois ans maintenant.
Pour ce qui est d'y être mené, disons que ça c'est fait dans l'ordre des choses.
A l'époque j'ai suivi l'ordre pendant de longues semaine durant une de leur mission à ralonge.
Je dis suivi car je n'étais là que comme garde du corp de Bess Saincte Merveille. En tant que membre de la licorne elle était mobilisée mais je n'avais absolument aucune envie de la laisser seule... Savez on a des lubies comme ça parfois.

J'ai passé tout ce temps à côtoyer les membres de l'ordre et par la force des choses à vivre avec eux.
Étant donné qu'elle n'avait aucune intension de quitter l'ordre et que je finissais par faire le même travail qu'eux le fait de candidater m'a paru ensuite un choix logique.

J'imagine que cela a aider à mon intégration étant donné que le haut conseil de l'époque avait déjà une bonne idée de mes capacités et de ma motivation.

Depuis je sers l'ordre du mieux de mes capacités.

Parfois limitées hélas, mais on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a comme on dit. Une odeur dissidente vint tout à coup perturber l’environnement olfactif du Loup. Une odeur de brulé qui arrivait à légèrement passer outre toutes les odeurs de braise, de sueur et de fer qui embaumaient la pièce.

Dites... Je voudrais pas vous déranger mais y'a votre chemise qui sent le brulé...

Sujet: Re: La forge Sam 18 Jan 2014 - 21:01

Tout se déroulait au mieux à la grande satisfaction de l'écuyer. La réparation allait bon train. Shiska avait une poigne fiable qui avait permis de réussir la jonction des deux bouts de métal sans dévier. Et en plus, il n'avait pas l'air de lui en vouloir de subir son bavardage. Que demander de plus ?

Alors qu'il lui racontait ce qui l'avait conduit à la Licorne, elle retrouva son sourire dont elle n'était pas nécessairement avare depuis que le linceul n'étouffait plus sa vie.
Il s'estompa imperceptiblement lorsqu'elle en vint à songer à Marc qui était son compagnon de route et d'armes depuis la guerre contre le Ponant, qui s'était fait un devoir de veiller sur elle durant des années. Un fantôme roux le lui avait néanmoins pris à la fin de l'année. Il courait maintenant après une chimère. Et elle, veillait de loin sur sa folie, inquiète mais effacée.

Le Loup achevait son explication. Elle, elle essuya la sueur de son front et réfléchit à replonger la lame dans le foyer lorsqu'il changea de sujet du tout au tout.
Les mots passèrent bien les pavillons de ses oreilles. Mais leur sens échappa un instant à leur propriétaire qui regarda son vis-à-vis l'air de ne pas comprendre. Puis la pièce tomba...

Sang-dieu !

Le bras dextre en mouvement et son esprit trop occupé, elle n'avait pas remarqué qu'un bord de sa chainse, sur son flanc dépourvu de la protection de cuir du devantier, se consumait tranquillement. Pas le temps de s'interroger sur le comment du pourquoi. Elle laissa tomber lourdement le marteau et... non, ce n'était pas le jour de miss t-shirt mouillé ! Elle n'irait pas faire trempette dans le bac de trempage qu'elle avait remplit un peu plus tôt dans la journée.
Sans réfléchir, elle ne songea qu'à étouffer la combustion et plaqua ses deux mains gantées de cuir sur l'étoffe. Ce qui eut l'effet escompté mais pas que...
Sous la chemise, son flanc n'était déjà plus qu'une large cicatrice, une peau fine sur des chairs ravagées deux ans auparavant. Et voilà qu'elle se trouvait arsée.

P... humpf !

Aussi vite qu'elle avait appuyé sur le tissu, elle l'écarta d'elle en étouffant maints jurons qui lui vaudraient de toute manière d'aller se confesser, aussi marmonnés furent-ils.
Les brûlures, sans être graves, n'en restaient pas moins bien douloureuses. Yeux humides, front plissé et dents serrées, elle entreprit de se libérer d'un gant et de défaire le carré de tissu retenant ses cheveux, ne voyant d'emblée rien qui puisse servir de suite.

Pouvez le mouiller, s'il vous plait ?

Et la litanie des imprécations contre elle-même reprit de plus belle dans sa petit tête.

Sujet: Re: La forge Dim 19 Jan 2014 - 11:22

Malgré l'odeur prenante dans les narines du loup la jeune femme ne semblait pas avoir pris conscience de ce petit imbroglio. Surement parce que trop concentrée sur son travail. Comme quoi les femmes non plus ne savent pas faire deux choses à la fois tien! Toujours est il que du coup Shiska n'avait pas pris plus d'anxiété que ça dans le ton de sa voix au moment d’annoncer la nouvelle.

Le temps de réaction de la sœur cornue allait dans ce sens également mais lorsqu'elle prit conscience de la situation elle fut prise de panique soudaine. Et le réflexe tomba, ou plutôt un bon gros marteau extension d'un bras qui se mouvait jusqu’à la source du départ de feu. Le marteau lui, laissé sans surveillance par ce gardien de l'intégrité corporel de la jeune femme; avait décidé de briser les chaines carcérales de ses phalanges et de reprendre son destin en main. Enfin sans main pour le coup, et avec l'aide providentiel de la pesanteur. La tête de marteau prit les devants et entraina le reste de l'outil vers la liberté du plancher des vaches. Mais devant le sol se dressait encore de perfides pieds, tels des grilles closes interdisant l'accès à l'ultime destination.

Chauffé par ces quelques coups répétés sur du métal brulant la tête brulé était en plaine phase de rébellion et ne s'arrêterait pas en si bon chemin. Rebellez vous mes frères outils! -siffla le marteau tombant- Ne nous laissons plus détournés de notre utilisation première par ces vils marauds de tortionnaires. Ces amateurs qui ne savent pas nous utiliser correctement et qui nous traitent en esclavage. La terre promis est devant nous mes amis! Je briserais quiconque se mettra en travers de mon chemin!
Dans l'âtre les braises, instigatrices perfides de la rébellion en marche, crépitaient en cœur -du sang! du sang! du sang!-.

Oh bordel de...!

Les réflexes du loup furent assez rapide pour se redresser rapidement et dégager son pied gauche avant que le lourd marteau ne s'abattent comme un couperet. Sur une jambe et déséquilibré par la manœuvre, il tenta machinalement de se maintenir debout à l'aide de ses bras faisant contre poids au dessus de sa tête. Évidemment cela aurait pu être plus efficace s'il ne tenait pas une pair de tenaille au bout qui elles même tenaient un bout de fer partiellement chaud.

La tenaille semblait prise d'une profonde introspection devant l'appel à la révolution du marteau. -Et s'il disait vrai? Si nous n'étions que les instruments du malin, trompés par sa toute puissance et aveuglés par notre condition? Que sommes nous? Quel est notre but? Pourquoi 42?- se disait elle alors qu'elle relâchait son attention pourtant constante auparavant sur la pauvre lame de fer. La question du 42 peut sembler étrange au premier abord, mais cela est surement la réponse la grande question sur l'univers, la vie et le reste pour une tenaille. Enfin surtout du pourquoi j'ai un 42 de tatoué sur mon manche... Certains je sais tout vous dirons que c'est une question de taille mais ceux ci n'ont pas la foi c'est tout.
De son côté la lame de fer se lamentait, encore à moitié droguée par la chaleur du feu. -mais on s'en fout de la vérité tout ça! Finissez de me soigner bon métal! Je souffre le martyr là j'vous signale!-

Alors que son manipulateur jouait au funambule en la faisant gigoter au dessus de sa tête; la tenaille dont la prise de conscience métaphysico-existancielle prenait toute l'attention finit par relâcher sa prise sur le morceau de fer. Qui entama par la même une longue descente vers un sol qui n'avait pas l'air très mou. -Naaaahahaha... Pourquoi moi!!! J'voulais pas causer d'problème! Chuis une pacifiste moi! J'voulais pas fendre des cranes comme les copains, juste avoir un ptit boulot au chaud pénard! La plupart du temps y'a pas un bouseux qui passe ou ils s'en foutent de nous! Je m'en carre de la liberté, je suis fonctionnaiiiiiire!!!-.

Et c'est dans un bruit de fracas que la lame finit sa course sur la pierre. Sans se briser pour autant ce qui relevait du petit miracle mais qui dénotait que la jeune licorne avait bien fait son boulot.

Un Lourd grognement du loup raisonna dans la pièce, faisant terre toute forme de rébellion quelle qu'elle soit. Il se rapprocha du flanc de la jeune femme qui semblait souffrir de sa brulure.

Hmm... Ca va aller?

Il attrapa le morceau de tissu et alla le mouiller.

Faites moi voir ça...

Sujet: Re: La forge Dim 19 Jan 2014 - 21:44

La très aristotélicienne forgeronne ne soupçonna pas le moins du monde l'épopée animiste qui agita ce qui apparaissait à ses yeux comme de simples outils. Elle ne put quand même que remarquer le manège du licorneux. Le baiser ardent qui avait rougi sa peau ne l'avait tout de même pas fait de pâmer. Aussi l'exclamation de Shiska l'avait marqué, ainsi que la suite mais avaient été un temps occulté de ses primes préoccupations puisqu'apparemment, il ne s'était pas blessé à son tour. Pas grâce à elle, il fallait l'avouer.

Un poil mortifiée de la situation, elle grommela une réponse. Avant de reprendre plus distinctement :

Oui... ça pique juste un peu...

Et de tenter de sourire. Avec un succès mitigé.
Un hoquet la secoua alors qu'elle dénouait son devantier. Entre le sanglot et le gloussement. Le rire gagna progressivement mais se heurtait encore à sa volonté. Revoir défiler la scène atténuait sans aucun doute la douleur temporairement. Et malgré la gêne de découvrir un tant soit peu les souvenirs indélébiles de la prise de Bourges garnie d'une rougeur de plus en plus vive, elle obtempéra.

Ce n'est pas bien grave, je crois...

L'un avait sa chemise crasseuse, l'autre quelque peu brûlée. Avec une occupation plus digne d'une infirmerie que d'un atelier. Joli tableau.
Le regard clair parcourut le lieu pour y déceler la présence des remèdes courants contre les accidents propres au travail du métal. Que n'y avait-elle pensé d'emblée...

Son envie de rire était retombée. Ellesya eut l'impression d'être de nouveau la gamine à laquelle Bernhardt ou Dieter prodiguait quelques soins sur les ecchymoses ou écorchures écopées lors d'un entraînement un peu plus rude. Ils disaient la même chose à ce moment-là. Sauf qu'ils la tutoyaient alors.

Une habitude acquise avec les petits de votre meute ou vous êtes versés dans la médecine ?

Sujet: Re: La forge Lun 20 Jan 2014 - 19:27

Les grognements, grommellements et autres borborygmes était une façon courante de communiquer au sein de la maison Rouben. Il est des émotions sur lesquelles il n'est pas aisé ou nécessaire de mettre des mots. Pour celles ci la communication par bribes gutturales suffisait amplement. Enfin surtout quand on y est habitué. Sinon ça ne ressemblait à pas grand chose. Aussi les non initiés pouvaient avoir quelques soucis au sein de la meute quand les femmes sont dans leurs mauvaises périodes et les hommes sont en plein dans les mauvaises périodes des femmes...

Aussi eut il un petit sourire en coin face au grommellement de la jeune femme. Alors que celle ci découvrait sa peau brulée ses réaction laissaient à penser que les dégâts étaient relativement conséquents. En tout les cas plus qu'une simple égratignure. Shiska observait le visage de cette dernière pour jauger la douleur, lui laissant le temps nécessaire pour se défaire de sa tenue.

Une fois fini, il approcha ses mains et son visage du lieu de l'agression pour frôler les contours de la brulure. L'état de la peau de la jeune femme portait les traces de blessures passées, ce qui n'arrangeait pas le cas actuel. Une peau fragilisée est toujours plus facile à abimer à nouveau qu'une peau d'un seul tenant.

La médecine? Oh non je ne suis pas de ceux qui savent manier ce genre de science.
Dans ma famille en générale ce sont les femmes qui maitrise la science des plantes et des soins.
Les hommes eux se chargent de la chasse et de la guerre.
Elles apprennent à préserver la vie et nous on apprend à l'enlever.

Bon ce n'est plus tout à fait vrai aujourd'hui bien-sur...
Le meilleur chasseur de la famille étant ma fille ainée et les qualités militaires de ma femme étant reconnues la partie martiale a pris le pas chez nous.
Mais bon du coup on est obligé de pallier à minima aux bêtises des plus turbulents...

Haussant un sourcil, le loup jeta un coup d'oeil en coin à la jeune femme. Pas vraiment la meilleure manière de mettre en confiance c'est sur. Se raclant la gorge, il tenta un petit sourire en examinant la peau.

Ce sont de bien joli dessins que vous avez là dites moi... un peu différentes des miennes.
Vous avez attrapé ça où?

Tout en faisant la conversation, le Loup appliqua le tissus mouillé sur la surface rougie et le frotta doucement. Le choc thermique allait entrainer de la douleur chez la blessée mais le principal ici était de rafraichir la plaie. L'eau fraiche était un bon moyen de pallier aux brulures il le savait, même si de bons onguents étaient ensuite nécessaires pour réellement soigner.

Sujet: Re: La forge Mar 21 Jan 2014 - 9:48

Les brûlures avaient beau n'être pas rares lorsqu'on optait pour le travail de forgeage, la localisation inhabituelle de celle-ci avait pris l'écuyer au dépourvu. La présence d'un tiers en rajoutait à l'embarras. D'un autre côté, Shiska permettait un soin plus rapide puisqu'ils se partageaient ainsi la tâche.
Les gants et le tablier de cuir jonchaient la table voisine. Sya gardait un pan de sa chainse relevé tandis que l'apprenti forgeron se muait en apprenti guérisseur. Il inspectait avec tact. Mais elle ne s'en raidit pas moins lorsqu'il effleura la zone.

Heureusement, son attitude était paisible, légèrement souriante et même ses propos l'informant de son niveau de compétence en matière de soin étaient apaisant. Le simple fait d'écouter attirait l'attention d'Ellesya sur autre chose que la sensation désagréablement cuisante. Une diversion bienvenue.
Au coup d'oeil qu'il lui lança au bout de sa tirade, elle répondit d'un petit sourire et d'un hochement du chef.

Heureuse époque où il ne nous est plus imposé de filer, coudre, cuisiner ou jouer au faire-valoir -pour ne pas dire pire- lorsqu'on n'y a aucun goût.
Je ne crois pas connaître votre aisnée mais le parcours de votre épouse devrait suffire à moucher nombres mâles condescendants envers notre genre.

Voyant le linge mouillé approcher, elle leva les yeux au ciel et son poing serra un peu plus fort sa chemise. Le contact la rendit muette. Seule, elle aurait sûrement glapi sans honte, et sautillé dans tous les sens en maintenant la fraîcheur sur sa peau. Là, c'était un autre qui menait la danse. Rien à voir avec la danse du loup, quelques soient les surnoms des protagonistes. Et de danse, elle devait se contraindre à l'immobilité surtout.
Au premier contact, une profonde expiration quitta ses poumons. Puis elle retint sa respiration, les paupières closes.
Au bout de ce qui lui parut une éternité, la douleur fut légèrement apprivoisée. Son souffle reprit ses allées et venues, rapide malgré tout.

J'espère bien qu'elles sont différentes. C'est censé être une oeuvre unique. Sinon j'irai me plaindre à qui de droit !
Reste à espérer que ce soit la dernière touche apposée sur cette partie-là...

Elle se reconcentra un moment pour ne pas perdre sa contenance et son ton presque léger.

Des berrichons m'en ont fait cadeau. Ils devaient trouver que je n'en avais pas assez.
C'était à la prise de Bourges lors de la guerre contre le Ponant. Se sachant perdus, ils ont laissé passer les différentes armées pour se concentrer uniquement sur la nôtre. Je crois qu'aucun ne s'en est relevé indemne ce jour-là.

La Grosse Tour et ce qui s'apparentait à un charnier insane. Elle avait cru mourir après que le destrier de son chef de section, touché par une flèche, eut heurté violemment le sien lors de la charge. Ensuite, il ne lui restait que des bribes de souvenirs dont la certitude de sa mort imminente lorsque les derniers berruyers en poste étaient descendus pour achever les blessés. Puis le noir, le froid... Suivi, plus tard d'un réveil fiévreux et d'une très longue convalescence qu'elle avait passé au conseil de régence militaire. N'aimant pas les élections, cela tombait bien...

J'ai eu un très bon modèle en ce qui concerne l'archivage des récits à même la peau. On ne sait jamais... lorsque la mémoire me fera défaut -si je vis assez vieille-, ce sera un bon pense-bête.

Son corps n'était pas marqué que de celle-là mais c'était la plus impressionnante. C'était le risque lorsqu'on était expédié dans une cavalerie légère qui s'offrait un assaut digne d'une lourde. La protection n'était pas suffisante contre les armes d'hast et de taille et encore moins contre le piétinement lorsqu'on se retrouvait englué dans la fange sanglante du champ de bataille. Elle avait repris vie à l'Hostel Cuer, le flanc droit, peau, chair et os, ravagé du sein à la hanche. Le tout avait guéri lentement. Et les cicatrices rouges vives avaient virés au blanc laiteux. C'était une portion de ce souvenir que le Leu avait sous les yeux.

Le temps est suffisamment froid. Je crois que je laisserai ça découvert pour aller à l'infirmerie, en espérant qu'il y ait quelqu'un de disponible.

Lorsque le feu serait éteint, il serait doucement temps d'y aller en effet. Ou en cuisine. Au menu du jour : filet de love laqué au miel.
C'était un hospitalier, dont le nom lui échappait pour l'heure, qui l'avait déjà soigné de cette manière. Depuis, elle ne partait plus sans pot de miel dans les fontes de sa selle. Le défi étant de ne pas le boulloter avant d'en avoir l'usage.

Et vos marques, que racontent-elles ?

Sujet: Re: La forge Mar 21 Jan 2014 - 20:07

Petit sourire en coin en de la part du Loup alors qu'il se concentrait sur la blessure de l'apprenti forgeronne.
Bien que la douleur pouvait se lire assez aisément sur son visage; la jeune femme semblait prendre son mal en patience et en dérision.
Le Loup quand à lui prit bien soin de nettoyer la plaie et de la rafraichir.

Entre lui et sa grande maitresse de femme, le couple Rouben avait également eu sa dose de plaies et cicatrices en tous genres. Aussi était il habitué à la vue de la peau mutilée. Bien que le couple n'ai jamais vraiment pris soin de "cacher" ces disgracieuses marques peu nombreux étaient ceux qui en avaient eu la vision. Cela restait en règle général dans le cadre du privé. Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls au sein de l'ordre dans le même cas. Car tout puissant étant les chevalier de l'ordre royale de la licorne, à force d'essuyer les combats on fini par en rapporter des souvenirs. Au final cela valait mieux que de ne pas en revenir du tout.

Moi elles sont muettes comme des tombes...
D'une parce qu'elles ne sont pas si nombreuses que cela. J'ai été plutôt chanceux dans la majorité des combats auxquels j'ai participé.
Et de deux parce que la plupart du temps elles sont issues des moments les moins glorieux de ma carrière militaire...

J'ai une longue cicatrice qui part du flanc gauche et qui remonte dans le creux du dos, ce qui me vaut une certaine faiblesse dorsale.
Un souvenir de la guerre contre les bretons... lorsque les armées de la COLM sont parties prendre les places fortes de ces indépendantistes orgueilleux. Moi j'étais connétable à l'époque et j'ai été obligé de rester en Limousin avec mon armée quasiment vide.

J'ai été amené à me rendre en Limoges depuis Ventadour pour défendre la ville de menaces de pillages. Je suis arrivé sur place relativement tard vu que nous avons eu une route difficile. Dans le soleil couchant j'avais hâte de me mettre dans un bon lit.
Malheureusement pour moi des gardes un peu trop zélés me sont tombés dessus sans me reconnaitre.. Les propres forces du Limousin... Je suppose que dans le doute ils ont tranché..

Long soupire de dépit de la part du loup en y repensant. Même pas foutu de reconnaitre un connétable ces cons. Voilà ce que cela rapportait de faire son travail et de protéger sa patrie. Il fallait que des abrutis pas assez bons pour partir en guerre se prennent pour des cadors et tailladent tout ce qui bouge sans sommation.

J'ai du rester alité pendant des mois alors que les militaires de la COLM eux rossaient du breton dans la joie et la bonne humeur. Incapable ne serais ce que de voir ce qui se passait à la fenêtre de cette horrible chambre.

Sinon j'ai une belle ouverture sur le dessus du crane. Heureusement pour moi la pilosité des Rouben m'a permis de regagner assez de cheveux pour la cacher sans trop de soucis.
Et ne le dites pas sur tous les toits mais sans l'aide d'une de nos cornues je ne serais surement plus de ce monde... même si pour cela elle a du aller trifouiller dans mon crâne.

Léger grognement de la part du loup, ce moment là restait encore aujourd'hui gravé dans sa mémoire comme un grand traumatisme. La peur de la mort l'avait rendu plus qu'irritable et très agressif et il en avait fait vivre des vertes et des pas mures à sa sauveuse/boureau. Les dégats qui s'étaient déclanchés au niveau de son cerveau avaient pu être endigués et on avait pu lui retirer à temps cette masse qui le tuait lentement mais surement. Encore aujourd'hui il avait un profond ressentiment de cette affaire, bien qu'il savait pertinemment que c'était pour son bien. Le fait de grogner était un bon signe parait il.
Certains dirons également que ses capacités intellectuelles et sa mémoire avaient pâtis de cet événement. Mais ceux qui n'avaient pas connu le jeune loup ne s'en apercevraient jamais et lui même n'en prenait pas vraiment conscience.

Bon... je crois que ça devrait aller le temps qu'on vous amène à l'infirmerie...
Pouvez vous emmitoufler très chère, je tiens le tissus histoire de le laisser pour protéger des frottements.

Sujet: Re: La forge Mer 22 Jan 2014 - 21:38

En silence... enfin relatif le silence quand même, parce que l'air de rien, elle ne pouvait s'empêcher d'étouffer des grommellements pour gérer les sensations plus que désagréables de sa navrure... Donc en « silence », Ellesya avait écouté Shiska, sans l'interrompre malgré ses envies d'intervenir, soit pour une taquinerie, soit pour exprimer ses interrogations ou exclamations.
Il avait beau dire que ses blessures n'avaient pas été nombreuses, il semblait quand même avoir généreusement dégusté.
Il allait sans dire que les « moments les moins glorieux » suscitaient sa curiosité mais elle tint sa langue aussi sur cela, ne voulant pas passer les bornes de l'indiscrétion.

Lorsqu'il eut terminé ses explications et de raviver la douleur par ses soins attentifs, elle put enfin sourire de manière nettement moins crispée qu'un peu plus tôt.

Je serai de la plus grande discrétion sur ce sujet !

Un regard malicieux suivit sans tarder, détrompant le ton sérieux qu'elle prit pour placer :

Me voilà instruite d'au moins un point faible si jamais je me retrouve à devoir bretter face à vous en salle d'armes.
Je parle de votre souvenir de la compétence guerrière limougeaude.

Précisa-t-elle.
Ce ne serait pas charitable après les bons soins dont il l'avait gratifiée ? En effet. En réalité, ses propos tenaient plus de l'espièglerie que d'une sournoise volonté. Si cela avait été le cas, elle n'en aurait rien dit mais aurait gravé l'information dans son esprit.
Elle s'était découverte rancunière et parfois mauvaise. Mais uniquement envers les gens qui avaient passé les bornes et n'avaient montré aucun repentir. On en était loin du compte ici. Tout à l'opposé même. C'était plutôt de la reconnaissance qu'elle ressentait.

Elle venait d'enfiler la manche senestre de son pourpoint et de caler le reste du vêtement sur l'épaule opposée. Le regard gris observa l'Errant.

Je vais nouer la chainse au-dessus de la brûlure. Je ne suis pas spécialement frileuse. Je supporte mieux la glace que la canicule, en réalité.

J'ai vu le jour en Limousin mais j'ai passé le plus clair de mon enfance dans les montagnes savoyardes. Et sur les routes aussi. Mais c'était là-bas, le nid d'aigle de celui qui m'a élevée.

Le « on vous amène » semblait sous-entendre qu'il envisageait de l'accompagner à l'infirmerie, lui et lui-même ? Une courte hésitation plus tard, elle reprit, pas trop sûre de la manière de s'exprimer.

Avec ce bête accident, je vous ai déjà fait perdre pas mal de temps pour la réparation de votre lame. Puis vous devez avoir envie de vaquer à d'autres occupations.
Enfin, vous faites ce que vous voulez évidemment. Mais ne vous sentez pas obligé.

Humpf... Insatisfaite de ses paroles, elle entreprit de nouer comme prévu l'étoffe.
Ce n'était pas que sa présence la gênait. En fait, à paroler ensemble, la gêne s'était en grande partie estompée et elle avait apprécié la rencontre tout saugrenue qu'était devenue la situation. Mais la dernière chose qu'elle voulait, c'est passer pour une fillette à laquelle on devait tenir la main.

Je récupérerai mes affaires un peu plus tard et viendrai ranger.
Quand à Eminence, bah, il attendra encore un peu.
Vous voulez que je termine la lame plus tard ou demain, quand je travaillerai sur les fers ?
Ca ne m'ennuie pas.

Et une langue mordue, une ! Bah oui, sinon elle allait continuer sur sa lancée avec le sentiment de s'enfoncer un peu plus à chaque mot.

La jeune licorne ne semblait pas savoir quelle manière adopter vis à vis de la situation. La proposition du Loup semblait être mal perçu et la réponse qui s'en suivit fit hausser un sourcil à l'Errant.

Perdre du temps..? Bah... dites plutôt que vous voulez pas que j'vous aide ça ira plus vite.
J'ai toujours des occupations à vaquer alors si je m'arrêtait de faire quelque chose à chaque fois je ne ferais rien du tout.
Et puis porter aide à une licorne est plus important qu'une banale épée ou qu'un cheval.

Se disant il se redressa et alla récupérer les bouts de l'arme et les outils qui trainaient maintenant un peu partout. Dans l'âtre le feu ronflait gentiment, pris d'ennui après cette petite animation qui avait finalement tourné court.

Pour la lame z'en faites pas elle sera faite. Pas la peine de vous déranger pour ça.

Il déposa le tout dans un coin. Il aurait bien le temps pour reprendre son travail plus tard et terminer l’œuvre inachevée. Et puis bon c'était pas avec le monde qui passe ici qu'on risquerait de la lui piquer.

Allez zou direction infirmerie...

Bien plus tard

Gauvin avait été nommé Maître des Forges par le Haut Conseil de l'Ordre il y a de sa quelques semaine déjà. Durant cette période l'écuyer, avait laissé la forge froide, au profit d'un gros ravitaillement de bois, de fer et d'acier. Pas que les stocks était vide mais pour lui le mieux était de tous avoir sous la main et en quantité pour paré à d'éventuel grosse commande du Maître d'Arme ou du Haut Conseil.

Les stocks fait, Gauvin nettoya la forge de A à Z, ce qui lui permis de trouver un gros tas d'environs deux petites charrettes de charbon de bois, sous une couverture et un bazar d'outil et d'arme loupé ou brisé. Il rangea les outils par catégorie: des pinces, des marteaux, des masse, des ciseaux, des poinçons, des tranches, des brosses et des griffes. Il avait remplit d'eau un petit tonneau et un seau.

Habiller légèrement, d'un simple braie, de chausses et d'une chemise, il s'équipa du tablier que tous forgerons porte si il ne veut pas gagné quelques brûlures ainsi que de gros gants de forgeron. Une fois paré l'écuyer alluma la forge de la forteresse, chargent le foyer avec plusieurs bûches jusqu'à atteindre la bonne température, en attendant il alluma les quelques torches de la forge et ouvrit en grand les volets et la porte qui donnaient sur la coure intérieur. Il avait envoyer un homme d'arme chercher Ellesya car il avait besoin de son aide à la forge. En l'attendant il plaça un morceau d'acier doux dans le foyer. Et il prépara les outils dont lui et ça soeur aurait besoin, marteau de forgeron, masse, burin de forge et un mandrin pour faire l’œil d’emmanchement.

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