Quand une ombre se fait jour

Un bureau à l'ambassade du Maine et un petit garçonnet de neuf printemps qui frappe doucement à la porte et ouvre sans attendre de réponse.
Tête blonde qui passe à l'embrassure et sourit de voir celle qui l'a recueillit, debout, face à la grande fenêtre, verre de vin à la main, yeux rivés sur le jardin baigné de soleil.
Volte face de la brune qui sourit au môme et le fixe de ses yeux couleur de pluie.

Vendui' ussta belaern, vel'bol xun dos ssinssrin ?
(Bonjour mon trésor, que veux-tu ?)

Le petit homme adorait quand elle lui parlait dans cette langue là. Ca lui donnait de l'importance, à lui, qui était né dans la boue des ruelles du Mans. Lui qui ne savait pas lire et écrire il y a encore quelques mois. Lui qui a apprit si vite et qui s'étonne encore aujourd'hui de se penser moins idiot qu'on lui avait toujours dit.
Il s'approcha de la chancelière et lui tendit une missive scellée.
Sourcils qui se froncent alors que ses doigts frôlèrent la cire frappée. Elle le connaissait ce sceau. Puis elle décacheta et lu les quelques lignes succinctes mais qui martelèrent son esprit comme le marteau d'un juge imposant son jugement.
Et elle lu et relu les quelques mots de cette dernière phrase qui tombe comme un couperet. Ces quelques mots et surtout l'un d'entre eux qui lui fit lâcher son verre qui se brisa en percutant le bureau de bois brute.
S'inquiétant, le garçonnet s'empressa de ramasser et d'éponger le vin qui s'étalait déjà alors que la sorcière relisait inlassablement cette ligne comme hypnotisée.
Après un long silence pesant, elle fini par articuler un léger murmure.

Je vais devoir m'absenter un moment Paul... Prend de quoi écrire, j'ai des dispositions à prendre.

Un long frisson parcourut le gamin. Autant il adorait quand elle lui parlait dans sa langue natale, autant il détestait quand elle prenait cet air grave tout en lui parlant en français. Mais il n'en dit rien et fit ce qu'elle lui demanda. Restant évasive, enchainant les missives pour donner ses directives durant son absence.

Elle avait dit, à qui lui demandait pourquoi elle partait, qu'elle retournait chez elle. Ils n'avaient pas besoin de savoir, ils n'avaient de toute manière pas à être au courant. Et puis dans un sens, elle ne mentait pas. Elle allait chez elle....
Elle avait hésité plus d'un an et s'était enfin décidée, remettant sa vie entre leurs mains autant qu'elle l'avait confié au Chevalier.
Elle leur était fidèle depuis qu'elle les avait croisé en Limousin pour ne plus jamais vraiment les quitter. Restant dans l'ombre, jamais très loin.
Aujourd'hui, elle sortait de l'ombre et avait osé se soumettre à leur jugement. Jugement rendu en quelques lignes sur une missive qu'elle garda en main durant tout son voyage jusqu'aux portes de la Forteresse où on l'enjoignait de venir au plus vite.

C'était la seconde fois qu'elle venait ici. La première en qualité de chancelière, elle n'avait pas franchi le poste de garde.
Cette fois-ci, les choses seraient différentes.
Et son bâton, frappant le sol poussièreux, assoiffé par l'été déjà bien installé, rythmait ses pas tranquilles et en apparence sereins. Toujours vêtue de son immuable cape noire, capuche sur ses épaules, besace de même couleur, portée en bandoulière. La sorcière se présenta au poste de garde et ses yeux couleur d'orage lourd de pluie, se posèrent sur les créneaux de la bâtisse.
Léger sourire en coin en repensant à sa dernière venue ici puis, elle fit les derniers pas qui la menèrent là où elle devait se présenter.

Bonjour, je me nomme Karyaan Lómàlas et on m'a demandé de me présenter icelieu dans les plus bref délais.

Tendant alors la missive qu'elle avait reçu, elle ajouta

Spoiler:

Je suppose que vous allez me réclamer ceci.

Léger sourire en coin, étant chancelière et à cheval sur le protocole, elle sait qu'on n'entre pas dans ce genre de lieu comme dans un moulin. Elle attendit donc, calme et sereine, en apparence seulement...

Invité

Elle avait retrouvé ses grilles ! Oui, en ce moment, c'était "SES" grilles. Fini la salle des registres, fini cette pièce poussiéreuse où elle se sentait comme enfermée, bonjour l'air, bonjour la nature. Pour un peu elle se serait mise à danser sur place ou mieux, elle aurait agrippé les grilles pour ne plus les lâcher tant elle était contente d'y revenir.

La noiraude allait s'installer confortablement dans l'herbe lorsqu'elle entendit du bruit, elle se retourna et sourit en voyant la jeune femme qui venait de se présenter. C'était la jeune femme avec qui elle avait un peu discuté des fourmis avant qu'elle ne doive s'absenter.

Bonjour, je vous souhaite à nouveau la bienvenue à Ryes et suis toujours Vinou.

Elle prit la missive et la lut tout en hochant la tête. Elle se concentra un instant, bien oui, elle ne devait rien oublier de se qu'elle avait à dire à la jeune femme.

Alors ... pour déposer vos affaires, vous pouvez vous rendre au dortoir des écuyers, ne vous trompez pas avec le dortoir des hommes et des femmes d'armes. Ensuite, il vous est demandé de vous rendre à l'infirmerie afin de remplir votre fiche médicale. La salle d'armes est également à votre disposition si vous désirez vous entrainer ou simplement évacuer un trop plein d'énergie.

Tout en souriant, la noiraude réfléchissait à ce qu'elle pouvait encore donner comme informations à la nouvelle sœur.

Si vous désirez vous divertir, il y a la taverne où vous pourrez faire de nouvelles rencontres. Pour un changement d'air, la Forteresse possède des jardins tout à fait magnifiques à cette période de l'année. Enfin, je vois que vous êtes venue à pied mais si vous posséder une monture, il vous faut l'enregistrer aux écuries.

Voilà, il lui semblait qu'elle avait tout dit. Elle allait montrer le chemin à Kyryaan lorsqu'elle se souvint de la dernières recommandations qu'elle avait à faire, probablement la plus importante et qu'elle avait failli oublier.

Le plus urgent, je pense est de vous présenter devant la porte de la salle du Chapitre où vous êtes attendue dans les plus brefs délais.

Si vous avez besoin de renseignements ou d'informations complémentaires, n'hésitez surtout pas à demander.

La noiraude laissa un peu de temps à la nouvelle sœur afin qu'elle puisse tout enregistrer et poser des questions si nécessaire. Elle se dirigea vers le cornet.

Coucou frère Blackhorn, sœur Kyryaan qui était attendue vient d'arriver aux grilles.

Karyaan... mon prénom est Karyaan...

Léger sourire à celle qui l'avait accueillit pour la seconde fois et qui avait annoncé son arrivée. Elle s'avança alors et pénétra dans la forteresse, passant ce seuil que beaucoup ne font qu'entre apercevoir quand ils viennent ici.
Passant à coté de Vinou, elle planta ses yeux de pluie dans les siens.

Merci pour votre accueil. Je vais me rendre à la Salle du Chapitre, pour le reste, je verrais plus tard.
Nous nous recroiserons certainement bientôt.
Merci encore à vous.

Elle s'inclina légèrement et se rendit dans la fameuse Salle. Marchant toujours d'un pas calme, son bâton frappant la pierre.

Du haut de son poste de gué Boucanier observait la scène au départ amusé par la tenue très peu martiale de Virginia_ a ses début au poste de garde il lui avait fait remarquer que son comportement a la herse n’avait rien de militaire mais il abandonna vite son désir d’en faire un bon garde dans la tradition Angloise ;on ne change pas une personne comme Virginia_ du jour au lendemain a coup de baguette magique ,après tout il ne s’appelait pas Merlin
La silhouette qui attendait a la grille ,lui ,il l’avait reconnue tout de suite ,point n’était besoins qu’elle lui donne son nom il l’aurait reconnu entre mille la dernière visite de la dame l’avait profondément marqué.

il attendait la réponse de frère Blackhorn qui tardait a venir il patienta un instant
Par contre en bas la patiente n’était pas le point fort des deux dames,et c’est sans hésitation que la visiteuse pénétra dans la forteresse,alors que sans réponse de la salle des registres point de sésame pour pénétrer dans l’édifice
Sœur Karyaan forçait gentiment le passage ,il est vrai que son regard et son corps valaient toutes les clefs de Ryes ,mais le colosse même grand amateur de jolies femmes faisait passer la discipline et le règlement au dessus de tout

Holà!!sœur!..un peu de patiente,le protocole d’entrée n’est pas fini des que la salle des registres confirmera votre arrivée alors là oui!vous serez admise a pénétrer dans la forteresse

Elle allait entrer quand elle entendit la voix puissante de celui qu'elle avait déjà croisé à sa première venue ici.
Volte face de la Brindille qui se trouva plantée devant la montagne qui venait de l’interpeller.
Haussant un sourcil, étonnée par le surnom qu'il venait de lui donner.
Soeur...
Penchant la tête de coté, elle le détailla sans pudeur, léger sourire aux lèvres. Bref regard à Virginia qu'elle ne voulait pas mettre à mal par sa propre méprise.
Serrant son bâton de marche dans sa main senestre, elle planta ses yeux de pluie dans ceux du géant qui lui faisait face.

Navrée...
Il est vrai qu'on m'a fait mander prestement. Cependant, je n'avais pas à passer outre le protocole.
Veuillez m'en excuser.
Et euh... vous vous appelez comment déjà ?

De marbre, non ça c'est certain. Elle ne pourrait pas devant un tel bonhomme. D'autant plus que jamais elle n'aurait imaginé qu'il serait là à son arrivée.

Et donc... si j'ai bien compris, je dois attendre la réponse de la Salle des Registres.
Bien...
Et si vous m'en disiez plus sur tout le protocole, histoire que mon impatience ne soit plus prise pour de l'impudence.
Ça serait dommage... je ne voudrais pas me faire remarquer...

Léger sourire étrange.

... trop vite

Virginia a écrit:: Coucou frère Blackhorn, sœur Kyryaan qui était attendue vient d'arriver aux grilles.

Blackhorn sursauta... et se réveilla tout à fait. Par Aristote, comme ce Bureau des Registres était ennuyeux!
Peu de lumière, toujours humide, le soleil se restant jamais assez longtemps pour que sa chaleur traverse les épaisses murailles...

Kyryaan.... oui oui... ce nom lui disait quelquechose. Il haussa un sourcil en consultant son registre. Ah non, l'Ambassadrice du Maine venue il y a moins d'un mois s'appelait Karyaan.

Puis, à la page des consignes il lut:

Karyaan, acceptée comme Ecuyer de l'Ordre à compter du 5 juillet 1459.

S'approchant du cornet, il souffla dedans comme pour le déboucher, puis relisant son registre pour ne pas se tromper:

"Holà Vinou! alors je n'ai rien au nom de Kyryaan, par contre j'ai une autorisation à rentrer dans notre Forteresse pour Karyaan au titre d'Ecuyer. Alors je t'épelle: K, A, R, Y, 2 A, N ! Karyaan, tu sais c'est l'Ambassadrice du Maine venue le mois dernier... Tu devrais la reconnaître, non?
Alors vérifie bien son identité et si c'est bien elle, tu peux la faire rentrer.
... et tiens moi au courant que je note son arrivée sur mon registre!"

Après avoir interpeller l’Ecuyere,Boucanier était descendu rapidement auprès des deux femmes il était déjà derrière la jeune femme a deux pas d’elle de manière a lui éviter de trop se tordre le coup pour lui parler.

Bonjour sœur pour répondre a votre question je m’appelle Boucanier Écuyer de l’Ordre et responsable du poste de garde
Votre impatiente pourrait un jour vous jouer de mauvais tours;votre beauté ne sera pas toujours un passe droit

A peine eu t il fini sa tirade que la réponse venait de la salle des registres ,Blackhorn certainement tiré de sa sieste venait de réagir enfin et confirmer l’arrivée de la sœur

Eh bé voila maintenant tout est en règle et vous n’avez pas eu longtemps a attendre
Bon,pour votre instruction,si vous le voulez bien je serais disposé a vous donner quelques leçons le jour ou vous l’aurez décidé mais pour l’instant vous avez plus urgent a faire on vous attend ailleurs;je vous souhaite une bonne journée et rappelez vous « la patience….hein??

Invité

Quoi elle s'était trompée dans le nom ? C'était Karyaan ? Pas Kyryaan ? Oui, bon, "A" ou "Y" ça changeait pas grand chose en fait. Si, en fait, si ça changeait énormément de choses. Elle n'aimait pas qu'on l'appelle Binou alors ... elle pouvait comprendre que les autres non plus n'aimaient pas quand on écorchait leur nom.

Karyaan ... Je vais tenter de retenir, promis. Heu ... Kary ? Je peux pas vous appeler ainsi ? Au moins ça, je retiendrai.

Ben oui, les noms et la noiraude ça a toujours fait deux, comme avec les lois d’ailleurs. Pas pour rien qu'elle donne des surnoms aux gens. Son Fillot-père, le Rouquin, Totomat, le Gardon, le Grognon, la Rebelle ... c'était plus facile à retenir parce que personnalisé par ses soins.

Et puis zut ! Elle avait encore fait une bêtise ! Elle avait fait entrer la nouvelle sœur sans que frère Blackhorn eut donné son accord. C'était son superviseur qui était spécialement venu aux grilles pour le dire. Bon, là c'était sur, elle avait commis trop d'erreurs pour ne pas être renvoyée de suite. La mine contrite et dépitée, elle écouta Boucanier tout en hochant la tête, elle était quasi sure qu'elle était en train de virer au rouge coquelicot en prime. Elle jeta un regard en biais à sa sœur, signe d'excuse probablement.

Ouf ! La voix de Blackhorn résonna dans le cornet ce qui lui évitait de dire une énième bêtise en présence de la nouvelle sœur et de son superviseur. A pas de loup, elle se dirigea vers l'objet pour répondre.

Pour sur que je la reconnais, c'est bien elle, Black ! Heu ... c'est moi qui me suis trompée dans son nom...

Petit sourire au géant, ne le quittant pas des yeux, le détaillant sans pudeur aucune. Les Dieux savent à quel point elle aime ce genre de gaillard là. Bâtit comme des montagnes, puissants, et bien campés sur leurs pieds.
Elle ne supporte pas les frêles, les midinettes, les hommes femmes pince sans rire, bien trop précieux à ses yeux.
Elle les aime bourru, grave, ours, râleurs et libres.
Elle l'était tout autant et s'il y a bien une chose qu'elle ne perdra jamais, c'est bien sa liberté.

La patience, Écuyer, est l'une des vertus dont je m'enorgueillis.
Tout n'est qu'une question d'incompréhension, de quiproquo et certainement de précipitation pour bien faire.
Croyez moi, je suis patiente et c'est par la patience que j'obtiens toujours ce que je veux...

Léger sourire en coin malicieux, elle reporta son attention sur Vinou qui s'adressa à elle, puis lui répondit.

Je préfère Karyaan. Donnez moi un surnom si vous le souhaitez, mais n'écorchez pas le prénom que feu ma mère m'a donné.
Et ne vous sentez pas fautive, je suis l'unique responsable de l'incompréhension et de ma précipitation.
Je n'avais pas à ignorer votre protocole, lorsqu'on se rend quelque part, on se renseigne sur les usages en vigueur. Chose que j'avoue ne pas avoir fait.
Ah et euh... je ne suis pas ambassadrice du Maine, mais leur chancelière.

Sourire qui se veut rassurant pour lui montrer qu'elle n'était nullement vexée pour son prénom. Elle appréciait l'envie, mais ne pouvait s'y soustraire.
Superbe entrée en matière dirons nous. Elle passe directement pour une impatiente, une chieuse pour son prénom, et accessoirement, une prétention sur le titre qu'elle porte.
Bah... ce n'est pas comme si elle n'était pas habituée de faire toujours mauvaise impression à la première rencontre.
Par contre, elle va avoir du mal avec le mot soeur... Là d'où elle est issue, ils se nomment ainsi. Elle a quitté un Ensemble et en intègre un autre ce jour. Elle qui est du genre solitaire, elle sait qu'elle devra prendre sur elle à maintes reprises.
Reportant son attention sur Boucanier, elle planta de nouveau ses yeux couleur de pluie dans les siens, avec toujours ce sourire si particulier.

Pour ce qui est de votre proposition de leçons, cela dépendra de ce que vous comptez m'apprendre.
Je suis curieuse de tout, et novice en beaucoup de choses. J'espère que vous êtes tout aussi patient que moi.

Petit clin d'oeil discret, elle reprit sa route pour se rendre... ou plutôt, se paumer dans les méandres des allées de la Forteresse, jusqu'à trouver la Salle du Chapitre.

Et c'est quand vous... vous le voulez...

Dernier sourire avant de lui tourner le dos et de passer enfin les grilles.

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